Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 05:28

"Pirouette!"

Ma maîtresse m'appelle...

Pfffffffffffffff Je vais quitter mes herbes sèches et odorantes pour elle.  Que me veut-elle? Voilà, voilà ! J'arrive en courant dans la maison. J'ai horreur de passer les seuils des portes, alors je les franchis d'un bond. Tiens? Mes Petits Maîtres ne sont pas là. La maison sera plus calme.

Pirouette! Quel nom ridicule pour un félin comme moi! Bon, c'est vrai que petite, j'étais acrobate et très agitée! Mais tout de même! Fort heureusement, ma Maîtresse, qui a des dons, a deviné ma véritable identité : Princesse. Pourquoi s'obstine-t-elle à y accoler "Offensée"? Pourquoi aussi m'appeler "la Fiérote"?Parfois même :" Belle outragée'?

Princesse Offensée... Pirouette... La Fiérote... Peu importe!!! Divine Beauté c'est ainsi que je me nomme parmi les miens. Dans mon quartier, ma belle robe tigrée se voit de loin. Mes yeux vert comme maquillés jamais ne cillent. On craint mon courroux...On tremble d'entendre mon feulement conquérant... Ça ,c'est vrai, j'ai très mauvais caractère. Je suis prompte à souffler et à lancer une patte griffue sur tout animal qui oserait franchir les limites de mon domaine. Je ne crains aucune bête à poils et à plumes. Pas même la chienne bas-rouge des voisins!

Tous les félins de mon secteur font profil bas quand ils me croisent. Normal : je suis leur Altesse, ils me doivent déférence et soumission, ils le savent. Et celui qui voudrait passer outre goûterait mes coups vengeurs.

Je suis aussi "Cruelle Chasseresse",là où mes griffes se posent : c'est l'hécatombe! Les poils de mon museau sont souvent souillés de sang. Mon palmarès est impressionnant : geais, hirondelles, écureuils, pies, rouges-queues noires, lézards, vipères, souris, musaraignes, rats, mulots... Et je ne vous parle pas des insectes!!!  Autant de proies, autant de cadeaux pour mes hôtes...

Oui, à l'extérieur de la maison, je règne sans partage.

A l'intérieur... c'est autre chose...

Les humains, petits et grands, n'ont aucun sens du respect qu'ils doivent à mon rang.

Mon Maître n'est guère patient, ma Maîtresse, elle, est débordée et mes Petits Maîtres sont agaçants. Aucun sens du protocole! Ma dignité en prend un coup à chaque fois que je pose mes pattes dans cette demeure! Cependant, je fais avec parce que je sais qu'ailleurs je ne trouverais pas mieux. Et puis, malgré tout, mes Maîtres m'aiment , ça compte.

Ils m'aiment :

Malgré mes miaulements rauques pour les réveiller à 2 heures du matin.

Malgré mon aversion des caresses.

Malgré mes cadeaux ensanglantés et éventrés.

Malgré mes sautes d'humeur griffues.

Malgré ma tendance au vol répété de nourriture...Quand ça arrive je détale vite pour éviter les coups de journal de mon Maître ou les cris de ma Maîtresse....

Il existe dans la maison d'autres hôtes à quatre pattes qui se moquent éperdument de mon statut.

Il y a d'abord la chienne colley, Tootsie, grande bestiole pleine de poils au regard benêt si soumise aux Maîtres que j'en rirais si je pouvais rire, elle, je la tolère. Et elle fait de même.

Et puis il y a ma soeur, Câline, une noiraude un peu sotte, qui s'obstine à vouloir faire amie-amie avec moi. Elle, elle m'insupporte prodigieusement. Son degré d'asservissement me sidère! La voir s'approcher de moi avec son air d'esclave heureuse me hérisse violemment. C'est la seule de ma race qui ne baisse pas le regard, ni ne recule devant moi!! La seule qui ose me jouer la comédie des frottis-frottas amicaux.

Elle ne me craint pas du tout, elle. Elle me révulse tellement que sa vue provoque en moi une irrépressible envie de fuite.

Fuite éperdue et incontrôlée.

Aussitôt mes croquettes avalées, je prends mon élan pour sauter par la fenêtre ouverte et là, je rate mon coup lamentablement et tombe comme une masse sur le carrelage.

Ma dignité est bien écornée.

La honte me saisit, je me relève et file prestement, laissant derrière moi les rires moqueurs de mes Petits Maîtres.

Et leur chansonnette persifleuse accompagne ma course effrénée:

" Elle est Belle, elle est Belle Pirouette! Mais qu'est ce qu'elle est Bête!"

 

Partager cet article
Repost0
24 septembre 2012 1 24 /09 /septembre /2012 05:57

Voilà.

Elle nous avait déposés vite fait et elle était repartie vite fait.

Muets et statufiés, au centre de la cour de ferme, nous avons regardé s'éloigner la voiture sans comprendre vraiment ce qui nous arrivait.

Nous étions ici pour deux mois de vacances, deux mois de convalescence. Enfants pâles et souffreteux, il nous fallait de la nature , du soleil et de l'air pur pour guérir notre coqueluche avait dit le docteur.  C'est pourquoi nous nous trouvions là, mon petit frère et moi, serrés l'un contre l'autre, sages petits paquets abandonnés, éléments incongrus au milieu de cette cour foisonnante, vibrante. Petits hôtes payants d'une famille d'agriculteurs laborieux,  toujours prêts à arrondir leurs fins de mois.

Nous avons compris très vite que ce séjour ne serait pas un bagne. Loin de là.

Notre toux imitait le "chant du coq": pas mal quand on est dans une ferme !!

Enfants de la ville, engoncés dans nos beaux vêtements du dimanche, nous allions connaître ici le plaisir de la liberté. Bon, une liberté sous contrôle, mais une liberté ludique.

La voiture partie,  Arsène, le père de famille, nous dit le plus naturellement du monde :

- Allez  les enfants ! Allez vous changer ! Suivez La Grande! Je vais vous faire visiter l'exploitation ! Et il était parti d'un rire sonore et joyeux,  soulevant son béret machinalement.

D'entrée, nous faisions partie de la famille. D'entrée, nous n'étions pas des petits paquets muets, mais des enfants doués de pensées.

Durant ce séjour, La Grande, la fille de la maison, Christine de son prénom, fut notre guide, notre gardienne, notre nounou, notre copine, notre infirmière :

- Guide : pour se repérer dans le dédale de la ferme.

- Gardienne : nous étions si gauches au milieu des bêtes et des tracteurs!!

- Nounou : pour bébés poussés trop vite.

- Copine : malgré son propre travail à la ferme, elle trouvait le temps de jouer avec nous, les mioches.

- Infirmière : quand chaque nuit n'était qu'une succession de quintes aiguës, avec vomissements et suffocation à la clé : il nous fallait bien une infirmière perso.

 Marguerite, la mère de famille, elle, n'avait ni le goût, ni le temps de s'occuper de nous : elle nous nourrissait, point barre. Pas une nourriture spéciale pour enfants malades, non, mais une  nourriture roborative et abondante pour travailleurs saisonniers agricoles.

Chaque journée à la ferme était une aventure, dont nous étions soit acteurs soit spectateurs. Il nous suffisait de nous poser sur une botte de paille et de laisser la vie faire. Animations visuelles et sonores permanentes. Fortes odeurs de campagne. Sollicitation de tous nos sens .Le chaudron fumant dans lequel bouillait le repas des cochons, l'immense poulailler bruyant flambant neuf, l'obscure étable des veaux, le pré des chevaux placides, l'arrivée récréative du maréchal ferrant... Émerveillement garanti. A chaque jour sa découverte, promptement emmenés par La  Grande ou par Arsène. L'une par obligation, l'autre par amour de son travail et pour voir s'allumer dans nos yeux l'étincelle de l'enchantement.

Tous ses coups furent gagnants.

Par une nuit claire :

- Réveillez vous les enfants, disait La Grande, nous secouant doucement.

- Qu'est-ce qu'y a ??

- Une surprise, nous répondit-elle, énigmatique.

Nous sommes descendus, vaguement inquiets, enroulés dans une couverture, la marque du sommeil sur nos visages chiffonnés.

Il était 2h du matin. La télé dans la cuisine, allumée, projetait ses images noires et blanches jusque dans la cour silencieuse et sombre.

Toute la maisonnée se tenait là, devant le poste.

- Ha! Voilà les enfants! S'écria Arséne, tout énervé. Regardez les p'tiots! Regardez bien! Ils marchent sur la lune!

Incrédules, nous regardâmes l'écran comme tous à ce moment-là. La transmission de médiocre qualité nous montrait deux bonshommes en scaphandres. Face à l'écran tremblotant et crachant ses images étonnantes, tous se tenaient silencieux dans une attitude quasi religieuse.

Quand une heure plus tard La Grande nous ramena à notre chambre, l'astre lunaire brillait comme à son habitude blafarde et glabre.

- Ils sont  bêtes les grands, me dit mon frère avant de se glisser dans son lit. Ils croient à n'importe quoi!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
5 septembre 2012 3 05 /09 /septembre /2012 06:25

Mes amies sont

Toujours présentes, même à des milliers de kilomètres

Toujours disponibles, même en pleine nuit

Mes amies

Me consolent

Me secouent

Me comprennent

Me prennent telle que je suis

Les années ne les fânent pas

Elles n'ont

Pas du tout changé

Pas pris une ride

Mes amies

Ont gardé leur coeur

Adolescent

Mes amies me sont

Essentielles

Comme le soleil

Aux fleurs

La seule  pensée de mes amies

Suffit

A  me combler

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
29 août 2012 3 29 /08 /août /2012 12:34

On s'est parfois réveillés  à midi. L'empreinte de la nuit sur nos joues chiffonnées.

On n'a souvent pas fait notre lit : les draps sont restés froissés, voilà tout.

On a appris à bruncher : cool ! Pas de dictature alimentaire.

On a flemmardé au soleil ou en regardant tomber la pluie...

On a battu les chats sur le terrain de la nonchalance.

On a pris des voitures, des avions, des bus, des bateaux, des métros et des taxis.

On a attendu patiemment dans des files hétéroclites.

On y a lu la presse locale, des magazines débiles et des petits romans faciles.

On a rit, on s'est énervé, on a paniqué, on a couru, on a rit  de nouveau...

On s'est endormis pour des siestes impromptues, gavés de milk shaks, bagels, muffins et autres hamburgers.

On a écouté des heures de musiques diverses et  variées

On a goûté aux torrents gelés, enlacé des arbres vénérables.

On a parcouru des kilomètres sur des trottoirs bondés, écrasés de chaleur, tout ça pour visiter des musées ou pour acheter des colifichets indispensables à notre futilité.

On a essayé de photographier tout ce qui passait à notre portée.

On a tenté de ramener avec nous bien plus que des souvenirs.

La quiétude tranquille.

L'anesthésie bienvenue.

L'amnésie salutaire.

Les vacances quoi !

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
2 août 2012 4 02 /08 /août /2012 13:21

C'est un jour très spécial.

C'est jour d'anniversaire.

La maison toute entière fait le gros dos pour accueillir les précieux petits invités. Les tables sont poussées, les chaises déplacées pour agrandir la pièce. A l'extérieur et à l'intérieur, des ballons colorés flottent doucement.       C'est l'effervescence fébrile avant la déferlante enfantine. Il faut que tout soit  impeccable : les assiettes, les gobelets et les serviettes en papier en attente, les cotillons et serpentins prêts à être joyeusement lancés Les petits gâteaux sont  dans les panières et les boissons acidulées sagement rangées en bout de table.

Pour les sucreries et autres douceurs : on est dans l'excessif! C'est normal pour un jour comme celui-là : tout ce qui se fait en matière de bonbons est  là sur la table : sucettes éclatantes, carambars fluos, caramels mous, fraises tagada, chewing- gums multiformes, longues "langues" perlées de sucre acide... Confiseries diverses et variées, molles, dures,bombées, courtes, plates, enveloppées ou non...

   Profusion et abondance.

  Caverne d'Ali Baba pour petits invités surexcités.

Le gâteau d'anniversaire avec ses bougies patiente dans la cuisine.

Rouge, Magenta et Ver,t les enfants de la maison, sont sur des charbons ardents et trépignent.

La chienne Tootsie et les chattes Pirouette et Câline, quant à elles, portent sur tous ces changements un oeil interrogateur : "Il se passe quelque chose... Mais quoi?..." Et comme elles devinent l'énervement derrière ces préparatifs, elles se planquent , aplaties , le museau au sol. Incrédules, elles nous regardent nous démener.

Voilà enfin les premiers invités qui arrivent : embrassades et rigolades. Cavalcades...

On met la musique : envahissante, assourdissante, faite pour canaliser un peu toutes ces ardeurs enfantines.

Très vite, tous les convives sont là et la maison tremble sous les coups de leurs petits pieds sur le sol, ainsi que sous leurs cris stridents.Ils viennent avec des cadeaux enrubannés.Tout bruisse soudain. Même l'air vibre de leurs rires joyeux.

     Chambardement. Charmant charivari. Aimable  chahut. Gentille cacophonie.

Après les jeux et les danses, vient le temps de la pause : les enfants passent à table pour dévorer le gâteau, engloutir les bonbons par grappes et avaler des litres de boissons aux couleurs peu naturelles.

  Babillages désuets et bavardages innocents autour du festin sirupeux. Toutes les bonnes choses disparaissent à une vitesse hallucinante croquées par leurs petites dents pointues d'affamés sans retenue.

   Puis, une petite voix  gourmande demande:

- Dis,  t' en n' as pas des fraises tagada?

- Si...Enfin, il y en avait. Vous  les avez  mangées.

- C'est pas nous.

- C'est le chat,  répond une petite fille barbouillée en pointant son doigt dégoulinant de sucre vers un coin de la pièce.

       Câline, une fraise tagada coincée entre ses crocs se débat comme un diable enragé au milieu des restes de son larcin.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 07:02

Il est un pays.

Un pays connu de moi seule  Bleue où les jours sont toujours ensoleillés.

Pays imaginaire. Pays de la mémoire enfouie. Pays de l'enfance sans soucis.

Nous étions trois.

Trois enfants livrés à eux-mêmes.

Trois enfants sauvages sans brides, ni lois... Hormis les lois tacites de notre royaume secret. Deux petits  Princes et une Princesse régnant en maîtres absolus sur un minuscule territoire. Une cour intérieure pavée, héritage médiévale d'un passé glorieux : au centre une bouche d'égout et tout autour des portes, des porches, des escaliers, des couloirs sombres, des fenêtres et un puits dans un coin... Une cour  nue, vide de tout objet : riche de sa seule disposition et de sa propre histoire. Une cour pleine d'interdits : interdit d'ouvrir les portes, de jouer sous les porches, de monter les escaliers, d'aller dans les couloirs, de lancer quoi que ce soit dans les fenêtres, de s'approcher du puits... 

Tel était notre royaume : plein d'entraves, très difficile à appréhender et dont nous seuls connaissions les secrets attraits.

Une photo nous y montre, Bleu Foncé, Bleu Clair et moi Bleue. Une photo floue sur laquelle apparaissent trois petits bagnards bariolés et hilares.

Prisonniers ? Princes et Princesse ? Ou plutôt : Pirates.

Oui : Pirates sans navire, sans armes ni butin trébuchant. Pirates des jardins.

Car derrière les vieilles pierres, derrière une lourde porte de bois fermée à clé, se trouvait un paradis secret doté d'une balançoire. Un oasis de verdure, une orgie de fleurs, une débauche de petits fruits, un excès de potager : un jardin de ville cerné de hauts murs. Une invitation à la maraude. Un pousse au crime. Un eden  indécent..

   Un jour de soleil, dans le silence carcéral de notre cour juste troublé par les cris stridents des hirondelles enivrées d'insectes, nous sommes passés à l'attaque du jardin magnifique.

Commando silencieux et déterminé,nous avons gravi les escaliers interdits menant  au  grenier familial. Car dans celui ci se trouvait une fenêtre qui donnait sur le paradis endormi.Qu'elle fut à trois mètres au dessus du jardin ne posait aucun problème.

Une corde attachée grossièrement jetée dans le vide et hop! Adieu grisaille et bonjour lumière éclatante!! Bonjour pillage et  maraudage!!

Notre forfait n'était pas achevé qu'une voix lointaine nous surpris:

- Où êtes vous?  Les enfants?

Pris au piège , derrière la lourde porte:

- On est là!

Stupeur maternelle. Embarras de la propriétaire venue nous délivrer du paradis.

-Qu'avez vous fait?

Avec l'aplomb des plus fieffés malfaiteurs, nous leur répondîmes en choeur, goguenards, serrés les uns contre les autres, nos mains rougies de sucs écarlates,le visage barbouillé des jus des fraises et des framboises ingurgitées, les vêtements maculés et collants.

  - Nous? Rien..

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
25 juin 2012 1 25 /06 /juin /2012 16:39

Rues de Bruxelles

Ville francophone  cosmopolite, multilingue à l'accent particulièrement savoureux. Nous jouions un peu  les touristes dans la capitale européenne, venus pour déménager notre fille, Rouge. Le ciel d'avril avait été relativement clément avec nous. Bien évidemment nous avions eu droit au temps belge typique : plafond nuageux bas, bruine persistante, luminosité atone. Mais par un hasard heureux, cette journée-là, journée de fin de déménagement, était créditée d'un soleil timide mais bien présent. Nous en profitions donc pour nous promener dans les rues alentour du logement de notre progéniture.

Nous avions goûté à la grandiloquence de la Grand Place, à la magnificence du Palais Royal, au gothique flamboyant de la cathédrale Saint Michel et Sainte Gudule, à la symbolique irrévérence  du Manneken Pis. Nous avions dévoré les gaufres, englouti les moules-frites, avalé les bonnes bières, apprécié les chocolats : bref, nous agissions comme de  bons touristes lambda, en vadrouille dans une ville  métropole effervescente. Nous en avions plein les pattes de crapahuter dans les rues bruxelloises encombrées de monde.

Cette journée-là, nous allions Place du Jeu de Balle pour humer l'air printanier et farfouiller un peu dans les étalages des vendeurs du marché aux puces. Grand Bleu marchait devant avec nos autres enfants, Magenta et Vert, moi, j'étais derrière avec  Rouge.

Dès que nous sommes arrivés, une litanie lancinante nous a accueillis :

  - Un euro. Un euro. Un euro. Un euro. Un euro. Un euro.

Pratiquement tous les marchands se lançaient les uns les autres cette phrase énigmatique qui tournoyait dans l'air comme une vague déferlant sans cesse. Et se faisant, ils nous présentaient leur marchandise :

- Un euro. Un euro. Un euro. Un euro. Un euro. Un euro.

Les étals correspondaient à ce que nous nous attendions : bric- à- brac coloré, vêtements défraîchis, ustensiles hors d'âge, vaisselle ébréchée, misérable marchandise vendue par d'humbles marchands. La place entière était  encombrée d'un capharnaüm indescriptible, entassement  de vénérables chaussures, pyramides d'objets hétéroclites et disparates.

- Un euro. Un euro. Un euro.Un euro. Un euro. Un euro.

Tourbillonnait dans l'air le leitmotiv. Incessant. Entêtant. Agaçant. Repris soit en choeur, soit avec quelques secondes de décalage par les marchands.

- Un euro, un euro, un euro, un euro, un euro, un euro.

Incantation païenne. Monotone antienne. Prière mystérieuse, nous accompagnant dans notre cheminement tranquille et sans but. Nous étions là pour regarder, fouiller et trouver peut-être une perle rare au milieu de cet enchevêtrement  touffu.

- Un euro, un euro, un euro, un euro, un euro, un euro.

Puis, soudain:

- Un euro, un euro, un euro, un euro pièce.

- Un euro pièce. Un euro pièce. Un euro pièce. Un euro pièce.

Nouvelle incantation ronronnante reprise par tous vendeurs instantanément.

Là, pointant l'étalage devant nous, je me tournais vers Rouge et lui demandais en souriant:

- On lui demande  le prix ?

- T'as pas compris que tout est à un euro?!! me lacha-t-elle.

- T'as pas compris que je blaguais? lui rétorquais-je, dépitée.

Mon ironie venait d'essuyer un flop.

Un flop. Un flop. Un flop. Un flop. Un flop...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 17:38

Jour de départ à l'aéroport.

Vite! La course. Arrivés enfin devant le guichet dans le temps imparti, nous attendions patiemment notre tour en bruissante compagnie, voyage pas cher oblige, nous n'avions que notre sac à dos à faire contrôler.

Bientôt nous serions à Londres! London city : sa foule multiraciale, sa  vie permanente, trépidante, ses musées, ses expos, ses boutiques de fringues...

Moi, Bleue, je jubilais. Impatiente. Comme de bien entendu. Pressée d'arpenter les artères célèbres, des fourmis dans les pattes, des plans plein la tête... Déjà partie!!

De "l'anglais" plein la bouche : Oxford street, Camden Town, Victoria Station... D'autant plus que dans la file d'attente, autre que les touristes français, se trouvait  un panel  de la société britannique. L'Angletere avant l'Angletere !

Brouhaha d'aéroport, encombrement de divers sacs et valises, nous étions là, noyés au milieu d'une foule éparse, hétéroclite et bigarrée, attentifs au moindre frémissement de la file d'attente, ne  bougeant qu'au  rythme des enregistrements.

Il y avait de la tension dans l'air, une tension feutrée et sourde.

Une tension d'avant embarquement, normale.

Notre tour arriva :

Billets ? Ok

Passeports ? Ok

Passage du portique ? Ok

Sacs et vestes au contrôle ?

Heu...Pas Ok.

Du moins, pour mon sac à dos.

Raidissement des agents de sécurité :

- Vous transportez un spray ?

- No! testant mon anglais, tout sourire.

A ma réponse, ils se coulèrent un regard complice et peu amène.

- L'appareil a détecté un objet suspect, dit l'un d'eux en me le montrant sur l'écran.

- C'est mon parapluie, lui répondis-je. C'est un article conseillé pour Londres, ajoutais-je avec un clin d'oeil.

Erreur fatale!!

Le moment n'était pas à l'ironie, même légère.

- C'est un capuchon qu''on voit sur l'écran Madame!

"Capuchon" égalait à "bombe" dans sa bouche, déformée par la panique.

En disant cela, il enfila ses gants noirs.

Mon poil de Renarde se hérissa quand je le vis attrapper mon sac à dos et le vider prestement sur le tapis-roulant pendant que son collègue, de la main, maintenait les voyageurs à distance.

- Ben là, ce sont mes culottes... propres! lui dis-je, malgré son regard inquisiteur.

Fébrilement, il cherchait le fameux "capuchon" au milieu de mes affaires maintenant toutes chiffonnées, répandues, étalées. Tristes dentelles!!! Pauvres affaires de toilette!!!  Mornes vêtements!!!

Chacun retenait son souffle.

Puis, vint  le verdict. Triomphant, l'agent dit :

- C'était bien le parapluie! Avancez maintenant !

Moi Bleue, j'étais verte!!

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
17 juin 2012 7 17 /06 /juin /2012 13:13

Au jeu du j'aime , j'aime pas.

C'est facile :

 

J'aime mon lit.  J'aime pas les nuits sans sommeil.

J'aime les petits. J'aime pas quand ils grandissent.

J'aime le chocolat noir bio de ma copine Julie. J'aime pas quand ma fille le recrache dans l'assiette.

J'aime les chats. J'aime pas les poils sur mes pulls.

J'aime ma maison. J'aime pas quand le chauffage ne fonctionne pas.

J'aime les tartines de confiture. J'aime pas quand y en a plus.

J'aime marcher pieds nus dans le jardin. J'aime pas marcher sur une abeille.

J'aime le soleil. J'aime pas la canicule.

J'aime les sourires. J'aime pas les grimaces.

J'aime la vie. J'aime pas la mort.

 

Partager cet article
Repost0
10 juin 2012 7 10 /06 /juin /2012 14:57

Il est arrivé à la nuit tombée.

Je l'attendais le coeur battant, pomponnée, pimpante. Un rendez vous galant. Une rencontre vibrante, fulgurante, sous la voute étoilée.

Il est resté silencieux et moi aussi, quand dans la pénombre nous nous sommes enlacés. Baisers fougueux et fiévreux. Ce soir là, la maison était vide, libérée de toute contrainte. A nous donc  les minutes divines et délicieuses qui précèdent  la réunion de deux corps.

Souffle court, longs soupirs, sourire pointu contre sourire pointu, regard  gourmand contre regard gourmand. Egalité des émotions, prètes à éclorent sous les assauts des désirs mélés.

Vite ouvrir la porte de la chambre.

Oupsss! Virer le chat qui dormait tranquille sur le lit. Hop! Hors d'ici Pussy!! Je posais le félin surpris et peu coopératif sur le sol et le poussais du pied en direction du salon. Après une hésitation véxée, il se décida à quitter les lieux nonchalament. 

Ensuite, je me jetais dans Ses bras ouverts, prenant avec bel appétit  les baisers et les caresses qu'Il m'offrait. Nous tombâmes tous les deux sur le lit comme on tombe dans un puits de douceurs et plaisirs....Vêtements épars sur le sol, lumière tamisée...Volupté...Glapissements et ronronnements. Douce violence.Tendre brutalité.

Le temps passa bien trop vite. Après la sueur et les frissons : vint l'instant de l'apaisement et des confidences. Il devait rentrer chez Lui, pour s'occuper de Son chien...

- Miaou!! fit Pussy à ce moment là sur le seuil de la porte restée ouverte.

- Va-t'en !

- Miaou!! insista encore le chat têtu qui souhaitait retrouver sa place sur le lit.

Moi je voulais profiter de ce moment fragile et un peu magique. Mais le chat lui ne l'entendait pas ainsi.

- Maiouuu!! Miaiouuu!!

J'allais lui balancer un coussin quand j'ai compris ce qu'il tramait.

- Non!!

Oupsss...

Le chat a pissé  sur Son jean.

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : blog de Bleue-la-renarde Charasse Evelyne
  • : Billets d'humeur et d'humour, tranches de vie décalées et romancées mais toujours véridiques.Aventures et histoires racontées pour le fun.Je suis Bleue la Renarde qui prend tout ce qui fait plaisir et passe à ma portée.
  • Contact

Recherche

Un Sourire Par Jour

Liens