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1 juillet 2014 2 01 /07 /juillet /2014 12:10

Qui ne connait pas "Chantons sous la pluie"?

Tu vois la scène cher lecteur ? Toi aussi , chère lectrice ? La pluie tombe à torrents et le gars Kelly saute allégrement dans les flaques, au mépris de ses chaussures...

Un truc génial , rafraichissant! D'autant plus que le gars Kelly est aérien et souriant .

Dans cette scène,il est amoureux... C'est si romantique et dynamisant !

On a envie d'être avec lui sous cette pluie battante...

Mouais! Tout ça c'est pellicule et compagnie !

Parce que je le dis haut et fort : danser sous la pluie n'est pas aussi marrant que cela.

Je le dis parce que je le sais , parce que je l'ai fait !

Enfin ...Rien de dramatique ici . A part attraper un bon rhume , peu seyant ,on en survit.

J'adore la pluie en général . Sous un parapluie ...Derrière mes vitres...Ou plus simplement à l'abri dans mon imperméable ...

Et puis , ici, la pluie n'était pas acide, juste très mal venue ...

Nous étions fin Juin.

Je devais dansé avec quelques copines lors d'une animation festive. Juste pour une démonstration de quelques minutes.

La petite ville s'était parée de milliers de fleurs en papier crépon de toutes les couleurs pour l'occasion.

Des stands animés égayaient les rues attirant les promeneurs dans une ambiance bon enfant .Une bonne odeur de gaufre et des flonflons à profusion complétaient joyeusement le tableau .

Des hauts parleurs sortaient différentes musiques aguichantes. Plusieurs petites troupes attendaient le signal pour démarrer leur danse.

 Toutes de blanc vêtues avec ou une ceinture  ou une jupe rouge, nous attendions notre tour en guettant anxieusement le ciel . En effet , le calendrier indiquait fin Juin mais la température fraiche et la clarté grise du jour rappelaient plutôt un temps de Novembre.

Tout semblait indiquer que la pluie nous tomberait bien dessus.Nous ésperions juste qu'elle nous laisserait danser devant les badauds venus pour la fête.

D'ailleurs ces mêmes badauds nous attendaient de pied ferme. Bien emmitouflés dans leur imperméable et prêts à dégainer leur parapluie à la moindre goutte.

Vint le moment d'entrer "en scène," en fait nous dansions sur le bitume, les rues étant bloquées pour l'occasion.

Au moment précis de démarrer la chorégraphie : le ciel nous est réellement tombé sur la tête. Des seaux, des trombes , des chutes d'eau se sont abattus sur nous .

Les premiers pas de danse dans les flaques furent les plus difficiles ...Ensuite , bah , trempées pour trempées, nous étions lancées. Et puis le public encapuchonné nous encourageait .

Ruisselantes,les cheveux collés au visage , les vêtements rendus transparents par l'eau, nous poursuivions notre farandole vaille que vaille.

Quand soudain un fou rire irrépressible nous secoua toutes en même temps : nous étions sous les fleurs de papier crépon qui déversaient sur nous toutes les couleurs de l'arc en ciel !

Toutes bariolées, nous étions , oui, multitâches !

Merci la pluie!

 

 

 

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21 mai 2014 3 21 /05 /mai /2014 07:27

Lecteur, je vais te raconter une anecdote du temps fort lointain où n'existaient pas encore ni les smartphones, ni les jeux en ligne .

Oui : une période préhistorique, je sais .

D'ailleurs,c'est dans une de ces grottes que se situe l'action.

Je me souviens.

Il y a un certain temps , nous étions en vacances en Dordogne et nous écumions  toutes les grottes ornées accessibles, par goût immodéré pour les magnifiques peintures rupestres sur les parois et  des mains en négatif  laissées par des artistes inégalés à ce jour .

Nous venions d'admirer le fac-similé de Lascaux .Nos yeux brillaient encore d'émerveillement .

Non loin de notre location, s'en trouvait une autre à visiter, la grotte de Bernifal ,tout à fait différente , à l'écart des grands centres touristiques .

Ce dont je me souviens, c'est du parking brûlé de soleil où nous garâmes la voiture puis de notre longue marche dans le bois frais attenant , en suivant des pancartes minimalistes.

 Au bout du sentier sylvestre, posée parmi la végétation , nous apparue une lourde porte de fer gardée par deux vieux messieurs assis sur un banc .

Ils avaient tous deux une chemise à carreaux bleus et d'une casquette beige, sobre uniforme . Surtout, ils tenaient dans leurs mains chacun une lampe à acétylène ...Pour remonter le temps : on n'a pas trouvé mieux!

Un peu bourru, l'un d'eux s'adressa au petit groupe que nous formions avec  quatre autres personnes .

"Bien. Bien. Vous n'êtes pas très nombreux: la visite sera plus riche."

Il sorti de sa poche une clé digne des contes : longue et pesante.

"Marchez dans mes pas . Ne touchez pas les parois."

Sur ce , il poussa la porta qui tourna sur ses gonds en grinçant bruyamment ...

Une bouffée d'air  mouillé nous saisit tandis que nous avancions quasi religieusement derrière notre guide.

"Attention ! Je vais refermer et je n'allumerais la lumière qu'après !"

La lourde porte se referma sur nous, nous plongeant dans le noir humide total.

Bref  instant de retour à nos peurs enfantines...

Cérémonial bien huilé pour nous mettre dans l'ambiance sacrée de la grotte.

Puis la lampe à acétylène s'actionna et nous fûmes tous rassurés de voir son faible rayon dans la grotte.

La visite se déroula ainsi ,entre deux plongées dans le noir , nous découvrions à la lueur tremblotante toutes les merveilles que recelait  la grotte.

Emerveillement garanti. Notre guide était prolixe et nous bouche bée devant les dessins et  les gravures ainsi dévoilés.

"Attention aux parois! Ne vous appuyez pas !"

Chose peu aisée étant donné le taux élevé d'humidité, le sol de la grotte se dérobant sous nos pieds .

Puis vint le moment du retour à la porte de fer. Notre guide nous dit en l'ouvrant :

"Voilà . La visite est terminée.Cette grotte se mérite .J'espère qu'elle vous a éblouie."

Et comme en écho , alors que le soleil éclatant nous aveugla en pénétrant dans la grotte:

"Attention ! Vous allez être éblouis! dit le second guide attendant dehors ...

Trop tard : la lumière , la chaleur et le sol glissant   eurent raison de mon équilibre.

"La paroi! "

Tant pis pour elle.

 

 

 

 

 

 

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3 mai 2014 6 03 /05 /mai /2014 21:03

J'ai déjà parlé ici de ma Princesse Offensée...Non?

Pirouette , une de mes chattes adorées, fière  féline qui jamais ne se départait de sa noble attitude...

Enfin ...

Je la nommais :" La Fiérote" aussi .

Elle détestait ça . Et filait promptement par la fenêtre chercher querelle à quelque congénère pour se passer les nerfs. Son pelage rayé rappelait son lointain cousin le tigre...Elle aimait bien qu'on s'en souvienne et adorait qu'on le lui dise, quand elle essayait de jouer gentiment :

"Arrête Petit Tigre de nous déchiqueter les mains !"

Elle ignorait le mot "flagornerie"...Cependant , il ne fallait pas rire d'elle , ni la surprendre en mauvaise posture sous peine  de le payer de sa méprisante fuite . Rarement d'un  coup de griffes vengeur.

Pirouette Chasseresse décimait tout sur son passage : rouge-queues noirs , pies, geais, moineaux et même des écureuils, toutes proies étaient bonnes pour elle.

Ma Princesse Sans Humour régnait dans la cour devant la maison sans partage aucun.

J'ai vu des matous aguerris, courbé l'échine devant Sa Majesté Tigrée.

Un jour,  un chien errant affolé osa poser ses pattes vagabondes dans notre cour pierreuse... 

Il est arrivé fou joyeux. Il est reparti fou piteux . Le museau ensanglanté, le pelage troué de griffes.

Une chatte nouvellement arrivée dans le quartier a voulu passer outre ... J'ai été obligée ce jour là de la délivrer des pattes de mon Petit Monstre.

Jamais nous n'avons revu la téméraire féline.

Cependant,un jour de fin d'été mon acariâtre chatte a dû battre en retraite et baisser la tête pour la première fois.Pour sa plus grande humiliation.

Sur le vieux fil électrique traversant la cour, les hirondelles se tenaient prêtes au grand départ pour le Sud .  Petites faucilles pointues vibrantes et joyeuses.

Les parents donnaient les dernières leçons de vol aux petites de l'année.

Patiemment, se lancer dans le vide.

Maitriser les ailes.

Maitriser le vent.

Apprécier l'aide des adultes tout à côté.

Difficile exercice.

Pirouette les guettait.

Tapie sous une voiture, elle attendait  patiemment .

Vint ce moment  où  un vol s'échoua dans la poussière de la cour.

La chatte bondit sur sa proie.

Mais en même temps, une douzaine d'oiseaux furieux  piquèrent sur elle.

Refaisant plusieurs passages, la matraquant de coups de becs pointus, aiguisés par la colère.Leurs cris perçants accompagnant chaque coup.

Surprise, dépitée Pirouette lâcha bien vite  prise.

Elle courut se mettre à l'abri dans la maison . Le poil défait. La rage au cœur .

Après ce jour , elle regarda toujours  les hirondelles de loin ,avec le mépris amer du vaincu ...

Nos railleries  hérissaient notre Princesse Sans Humour :

" Tu as trouvé plus fortes que toi!  Elles , elles sont les Reines !"

 

 

 

 

 

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30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 12:22

 Parfois le merveilleux vient à nous , comme ça , sans rien dire .

Et cela nous stupéfait le temps de retrouver notre pragmatisme.

Mais rien que cet instant là  est  magique ...

A l'époque , nous avions une 4L aménagée de telle sorte que nous dormions dedans n'importe où.

Mes frères suivaient dans une banale  voiture , une petite tente à leur disposition ...Moins pratique mais tout aussi sympatique !

L'aventure au bout des parechocs ! C'étaient les vacances, il faisait beau et chaud, nous étions partis pour faire du "camping sauvage": à nous les chemins creux , les petits coins de paradis oubliés, les réchauds défaillants, les fous rires relaxants ...

Nous n'avions pas de feuille de route , hormis celle de la curiosité .Bon , il faut avouer aussi que nous n'avions pas un gros budget aussi ...

Direction : le Sud! Notre très petite caravane descendit donc jusqu'en Dordogne, pays d'eaux vives et de bois mystérieux . Notre "road-movie" se ponctuait de haltes rafraichissantes.

Les garçons voulaient des endroits où pêcher. Soit. Moi je voulais juste des endroits ombragés.

La France profonde en vacances  suffisait largement  à nous dépayser...Nos véhicules étant fatigués, nous roulions tranquillement , de villages classés en sites exceptionnels. De fêtes de village bigarrées en petits cirques improbables , nous nous laissions portés par le vent du hasard ...Un beau nom de village? On y allait ! Un petit spectacle gratuit dans un autre? On faisait même demi-tour pour ça...

Aucune contrainte, sauf celle de trouver un endroit caché pour y planter la petite tente et y garer deux voitures...

La douce excitation de l'interdit  nous étraignait chaque soir à l'heure du repas...

Il faut dire que nous avions déjà eu notre minute d'angoisse : la maréchaussée, haut perchée sur des chevaux rétifs et piaffant d'impatience nous avait réveillé  bruyamment  un matin. Collant à mes frères engourdis de sommeil un procès verbal pour "camping sauvage ", amputant de ce fait largement leur maigre budget ...

Ceci pour expliquer que ce soir là, nous avions trouver un chemin à peine carrossable longeant la rivière et donc , nous nous étions arrêtés loin du monde, à couvert sous les frondaisons ...

La pénombre bientôt nous engloutis et nous mangeâmes assis en rond autour de notre réchaud tels des indiens harassés.

Pour préserver  notre beurre, je l'avais mis dans une boite plastique hermétique et ce soir là je déposais cette boite dans l'eau fraiche coincée par des branchages.

Au matin , quel fut notre  étonnement : plus de boite dans l'eau mais sur la rive, le couvercle ôté , le papier du beurre bien replié sur le côté...

Il en manquait un petit morceau : on voyait des traces de griffures...Comme fait par de minuscules petits doigts ...Tout cela bien proprement. Trop proprement...

"Quand on pense que c'est un simple rat qui a fait ça !"

Ha oui ! Là , la magie est bien vite retombée!

 

 

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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 13:00

Il y a des nuits sombres qui nous ramènent à nos peurs d'enfant.

Des nuits où des bruits mystérieux , des frôlements , des souffles dans le noir nous laissent pantois au fond de notre lit ....effrayés...

Nous étions en vacances dans un gîte au fond d'une forêt du Morvan.

Il  ressemblait à s'y méprendre à la maison de l'Ogre du Petit Poucet . Au bout d'une route improbable, cachée derrière des sapins sombres: une grande maison forestière surprenait agréablement les promeneurs.

De son passé féodal , elle avait gardé un peu de prétention dans ses grandes proportions, son nouveau régime de location  rurale  voulant lui donner un air ordinaire .

Loin s'en fallait.

Pour arriver jusqu'à elle: déjà une aventure , la voiture, cahotant et brinquebalant sur une route -ruisseau (à moins que ce ne soit l'inverse? ) avait souffert mille cailloux. Et nous mille sueurs froides.

Le mystère se mérite.

Devant la vieille maison : le ravissement nous a saisi . A l'intérieur ce fut de même. Tout était resté figé depuis le temps de sa splendeur . Comme si les propriétaires venaient de partir pressés en laissant tout ainsi .

Pour notre plus grand bonheur!

Bien entendu : aucune onde ne passait ici et l'électricité était  souvent capricieuse , comme la plomberie du reste ...

Coupés du monde , retranchés dans une bâtisse magnifique, enveloppés par la majesté des hauts sapins noirs, nous étions ravis de cette déconnection du quotidien. Le silence relatif, le  faux calme sylvestre , tout était fait pour un lavage parfait de cerveaux trop reliés à la technologie moderne ...

Au programme de ces courtes vacances : flemme, paresse et bienheureuse oisiveté...

Fauteuils sortis devant l'imposante maison pour trouver un peu de soleil tacheté, observation de la faune timide mais proche, jeux de cartes, repas frugaux , confidences , grandes envolées lyriques: tels furent nos tâches   Rien de plus ordinaire pour citadins harassés et en désintoxe du monde...

Le soir ramenant la fraicheur du sous-bois, nous fîmes un grand feu de cheminée. Un immense feu crépitant et joyeux . Les ombres dansaient dans la maison et au dehors....Moment propice aux histoires lugubres... Frissons et rires garantis . Détente totale.

Soudain , l'un d'entre nous s'écria :

"Vous avez entendu ? Quelqu'un marche au grenier!"

Nous pouffâmes tous ! Certains s'étranglant de rire même.

Mais,venant du grenier,  un pas lourd se fit entendre. Le pas lourd d'un homme.

Les rires se turent  d'un coup et  les garçons gravirent en courant  l'escalier menant au grenier, ouvrirent la porte violemment . Nul trace de visiteur.

Ils redescendirent perplexes.

"Bah ! C'était certainement de l'auto-suggestion..."

Il était 2 heures du matin :l le  temps d'aller essayer les lits ancestraux ...

Nous montâmes fatigués et  vaguement inquiets.

Cependant, le sommeil nous engloutit tous sans plus de manière.

Je fus réveillée par des cris :

"On entend encore marcher! Il y a quelqu'un au grenier !"

Effectivemment, malgré mon cerveau encore endormi, j'entendais comme nous tous le pas humain sur le plancher au dessus de nos têtes. Un pas trainant. Lourd. Bam. Bam. Bam.

Le plus courageux des garçons ouvrit prestement la porte du grenier, une lampe torche à la main.

Là, un bruit terrible, des cris, le fracas d'une fenêtre nous cloua sur place.

Un Grand- Duc dérangé dans sa promenade nocturne sur le plancher du grenier , venait de s'envoler par le vasistas ,brisant la vitre de ses puissantes ailes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 20:45

Il y a des petits cadeaux qui peuvent s'avérer des petits poisons ...ou des petits  bonheurs ! C'est selon !

On m'a offert il y a quelque temps un porte clé , porte bonheur, avec un chat ( tiens tiens, on sait donc que j'aime les chats ...) Un petit chat stylisé mignon , un petit chat avec une clochette ...comme possédent certains félins .

J'ai accroché ce petit objet à mon sac d'été, celui dont je ne me déparre jamais , un petit sac indien fait de  rubans rouges brillants, des rubans de satin ...

Me voilà donc avec mon petit sac qui tressaute joyeusement avec un joli petit son de toute petite clochette à chacun de mes pas...ll sent  l'été, le soleil triomphant...

Ce petit tintement, cadencé et léger, c'est une façon de marcher en dansant un peu. Avec un rythme régulier.

Cependant , alors que je vais  d'un bon pas dans la ville , parmi la foule , j'entends des commentaires divers:"Tiens ? Il y a un chat  ici ?...C'est quoi ce bruit ? ..."

Et alors qu'ils cherchent du regard où se cache le mystérieux matou, je me réjouis de leur étonnement . 

Dans les magasins, mon pas ralenti et ma petite clochette aussi mais pas l'étonnement suscité...

"Qu'est ce qui fait ce bruit là ?" Ai-je entendu , de la part de vendeuses peu amènes.

Jouant  les idiotes je ne leur fait jamais remarqué que ma toute petite clochette n'émet qu'un tout petit tintement, infime par rapport à la musique d'ambiance criarde de beacoup de magasins...

Je me plais à me dire que cette petite note me distingue dans la foule. C'est mon petit sésame.Et puis c'est aussi un bon détecteur de grognon ou grognonne ! 

Une de mes amies, issue de cette race irascible et peu patiente,  s'est exclamée :

"Mais quel plaisir trouves-tu avec ce bruit insupportable ?

-Si je ne l'ai pas, je ne sais pas où je suis! lui ai-je répondu en riant .

Et pour bien l'agacer, j'ai secoué mon grelot de plus belle!

"J'aime bien tintinnabuler, na!"

 

 

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23 février 2014 7 23 /02 /février /2014 12:32

 

Je ne sais pas pour toi lecteur mais parfois on fait des rencontres surprenantes et inattendues qui nous apportent bien involontairement l'éclat d'un rire salvateur ...

J'étais chez ma cousine, dans un petit village bourguignon à l'orée d'une grande ville, au milieu de vignes millésimées.

Une grande bâtisse de pierres grises , baignée de soleil, à la cour immense , faite pour accueillir force tracteurs et remorques ...Une ferme d'autrefois sentant encore le foin et la paille foulée...

En fait : un ancien moulin qui cachait dans ses entrailles un petit ruisseau bouillonnant  et rafraichiissant.

C'était étonnant d'entrer dans la grande bâtisse et d'y entendre  un bruissement continu vif et délicat à la fois. Ensuite, ouvrir  une porte sur la gauche et voir le petit ruisseau furieux de se trouver piégé sous la maison, giclant et ronronnant sans plus de manière sur les grosses pierres qui le canalisaient ...La pièce sentait l'onde fraîche ...Curiosité rare. Dehors, les pales de l'ancien moulin ne tournaient plus depuis bien  longtemps , aussi le petit ruisseau filait -il vite , vite hors de la propriété pour retrouver la rivière toute prochaine ...

La demeure gardait encore l'âpreté de sa destination première : murs épais , portes basses, fenêtres minimalistes. Tout cela donnait un intérieur plus que sombre et plus que frais, même au coeur de l'été.

J'étais en visite chez ma cousine pour quelques jours, goûtant  à la quiétude des lieux . La maisonnée comprenait quelques chats chenapans , prompts à courir après quelques souris , peu habitués à la nonchalance des chats des villes .Deux gros chiens récupérés à la SPA  coulaient des jours tranquilles au milieu de la cour fermée, n'aboyant qu'en  cas de visite impromptue ...Il y avait là comme un parfum de nostalgie tranquille. Les  vieilles pierres restituant  les ondes emmagasinées durant toutes ces longues années...

La vieille horloge centenaire égrénait d'un tic tac indifférent les heures calmes et  je goutais, anesthésiée mais néanmoins friande , tous les meubles anciens , tous les moindres détails des pièces assoupies , tous les souvenirs imprégnant  l'intérieur...

"Une voisine m'envoie sa fille qui se lance dans la vente à domicile , me dit ma cousine. Ca nous distraira un peu , non?"

Rendez-vous informel fut pris pour le lendemain.

Nous vîmes arriver une grande et forte jeune fille aux  joues couperosées. Encombrée de sacs divers, elle semblait un peu gauche...Mais elle demeura souriante le temps de la visite .

"Bonjour Mesdames, je viens vous présenter la nouvelle collection de la marque "Savon". Vous connaissez cette marque de cosmétiques ?

-Vaguement , répondit ma cousine en lui rendant son sourire .

-Alors,je vais me faire plaisir à vous présenter toute la gamme" dit la forte jeune fille , sur un ton de gourmandise 

Et de fait , elle déballa tout un tas de petites boites, toutes plus scintillantes les unes que les autres .

C'est là que je remarquais sa robe tachée , et même effilochée par endroits ...Peu adéquate pour une vendeuse de produits de beauté...Je vis aussi ses ongles cassés et peu soignés...Un seul regard de ma cousine me prouva qu'elle aussi avait décelé les détails ragoutants chez la jeune visiteuse ...

Elle faisait preuve d'une grande agilité , ainsi que d'un grand désir de persuasion. Nous étions sagement assises sur les chaises de la cuisine, bon public, bienveillant . Attentives au babil enthousiaste de la jeune fille.

"Alors , Mesdames, je vais vous faire sentir le nouveau parfum et apprécier la texture de la nouvelle crème ."

Elle ouvrit un petit flacon délicat et nous le tendit:

"Elle sent bon, hein?"

Là, il y eut comme une vague gêne, un silence appuyé.

"Alors? insista-t-elle

-Heu...fut notre réponse unanime.

-Dites moi  mesdames", les joues encore un peu plus rouges qu'à son arrivée.

Et là, ma cousine lui asséna , essayant de garder son sérieux:

"Ta créme pue ! Elle sent l'ail!"

Et  tandis qu'un fou rire irrépressible nous saisit devant l'air déconfit de notre visiteuse...Elle nous lanca :

"Ho? Excusez moi... Je viens de couper de l'ail et mes mains sentent encore..."

Notre fou rire à cet instant secoua je crois toutes vieilles pierres endormies de la maison.

 

 

 

 

 

 

 

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 16:18

Il y a des moments dans la vie où on se congratule tout seul ...

Ça fait du bien.

On se remonte le moral . Ou les bretelles, c'est selon...

Il y a des moments aussi où la peur donne des ailes, où l'adrénaline coule à flots dans nos veines.

Des moments sur le coup terrifiants qui ,sous la lumière du souvenir, deviennent risibles ....

J'habitais alors les Hauts Quartiers, ceux blottis près de la cathédrale millénaire, ceux qui fleurent bon la pierre usée et  le soleil rare.

Mon logement se cachait derrière une méchante porte abimée par les ans, il fallait ensuite parcourir les vingt mètres de couloir lugubre et sale avant d'arriver dans la courette cernée de portes et  fenêtres.

"La cour des miracles" c'était le surnom de mon  immeuble ...Ca donne tout de suite le ton . L'ambiance...

Nulle tristesse et scélératesse ici , non ! Juste des travailleurs acharnés, harassés qui vivaient  ensemble dans une bonne entente dans des logements plus que basiques.

Aux loyers défiant toute conccurence s'ajoutait le plaisir de vivre en pleine ville dans un microcosme bigarré, hors norme...

Les locataires se cotoyant ici venaient d'horizons très divers.

Les Portugais étaient majoritaires , leurs voix portaient plus haut que les autres du moins , la nostalgie de leur pays. Bucherons, ils encombraient la cour de leur bois et de leur matériel.

Il y avait des couples de retraités, blottis dans leur logement mausolée, figé dans le temps de leur splendeur. Ici vivaient aussi des étudiants fauchés, des familles à rallonge, dont les enfants poussaient à l'ombre de la cathédrale, fleurs chétives à la morve active...

Par dessus tout cela rajoute,ami lecteur ,quelques chiens, quelques chats, quelques rats, hélas, et tu obtiens une vue sépia de mon quartier .

Rajoute aussi tous les sons , tous les bruits, toutes les odeurs qui sont  liés à ce souvenir vivace et tu es dans "La cour des Miracles",d' il y a longtemps...

Atmosphère bon enfant.

Or, un jour, vint un élément perturbateur dans cet idyllique tableau...

Au fond de la cour, un appartement s'est libéré et de nouveaux  locataires ont bien vite occupé les lieux.

C'était un couple de quadragénaires : elle ,Française timide, grande femme maigre aux cheveux filasses. Lui, immense et musculeux  Yougoslave, les cheveux hirsutes et l'oeil noirs , issu d'un croisement entre un Troll et un apache.

  Il  était lui aussi bucheron et transportait souvent avec lui ou sa tronçonneuse ou sa hache .

Il parlait fort, bousculait sans ménagement sa compagne, criait sur les enfants, fouettait les chats, donnait des coups de pieds aux chiens, vocifèrait des insultes slaves  incompréhensibles  à tous...

Un grossier personnage.

Sa seule présence assombrissait un peu plus la petite cour.

Très vite, il fut catalogué "à éviter". Ce que chacun s'appliqua à faire.

Très vite, son surnom "Drago" apparenté à dragon ou Dracula , lui alla comme un gant!

Un soir d'hiver où je rentrais chez moi, je poussais la pauvre porte, appuyais sur l'interrupteur et constatais que l'éclairage ne fonctionnait pas ....Vingt mètres à faire dans le noir quasi complet, pas très grave quand on aperçoit une petite lumière au bout du couloir, là bas dans la courette.

Soudain, une silhouette massive et hirsute apparue , restant dans l'encadrement de la porte.

Ne ralentissant pas mon pas, pour faire illusion de bravoure, je me retrouvais bientôt à sa hauteur:

"Tu le dis pas bonsoir au Drago? me baragouina-t-il, empestant l'alcool.

-Bonsoir Drago, lui répondis-je en le contournant, tremblante.

-Tu l'as peur du Drago? demanda-t-il en se penchant vers moi, goguenard.

-Moi?N...N... Non!" réussis-je à articuler avant de m'échapper dans la cour, laissant derrière moi un rire sadique énorme...

Arrivée chez moi, le souffle court, appuyée sur ma porte bien fermée, je repris peu à peu mes esprits....

"Tu l'as peur du Drago?" ces mots tournaient  en boucle dans ma tête...

Puis, en un éclair, toute la peur s'évanouit : Drago n'avait plus  de dents de devant.

Un Croquemitaine édenté, c'est bien connu , perd de sa crédibilité....

 

PS : Bien entendu, par la suite , je me suis toujours  arrangée pour ne jamais le recroiser...

 

 

 

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21 décembre 2013 6 21 /12 /décembre /2013 06:36

Les machines nous en veulent.

Croyez moi.

Il y a un complot. Le complot de l'électronique,électrique, informatique,mécanique,domotique....

Tout en un clic.

Voilà le hic...

Bref.

Je suis persuadée que vous voyez de quoi je parle.

La voiture qui ne démarre pas,le lave linge qui hoquète,la machine à café qui crachote, la télé qui se fige, le téléphone qui déraille., l'ordi qui dysfonctionne, le frigo qui surchauffe... Quand ce n'est pas le micro onde qui rend l'âme ou l'éléctricité en lettre morte..Le pire c'est quand la box se rappelle à notre mémoire en se mettant aux abonnés absents !

Nous étions banalement humains : nous sommes à présent quasi robotisés...

Nous étions bêtement organiques, nous voici bioniques...

Lobotomisés aussi..

Le marketing nous a imposé la technologie.Il nous faut des ondes à présent pour remplacer nos doigts gourds. Un touché, un flash, une télécommande: hop c'est bon circulez!

Facilité attrayante. Effrayante aussi.

Il y a une appli pour être moins addict ? J'en doute...Même au fin fond de l'Amazonie , dans la tribu la plus secrète  ,le dieu éléctronique a posé son doigt digital et tactile...

Reniant notre banale animalité nous nous sommes aliènés à la modernité.

Dépendants. Accros.Vulnérables.

Idiots parfois aussi. Il nous faut des codes, des transmissions , des connections,des mises à jour....

A la bibliothèque,devant l'asceneur en panne, les ados en bonne santé soupirent:

"Faut vraiment qu'on prenne l'escalier?"

Quand cette belle machinerie s'enraille elle nous laisse désemparés.

Car quand tout est virtuel et laissé à la seule volonté d'un ensemble de machines, même parfaitement huilées, le grain de sable se fait  énorme poutrelle d'acier.

Et c'est là que nous , humains formatés, nous retrouvons notre  instinct des grottes.

Hurlements. Trépignements. Sueurs froides. Chaudes larmes.

Tout ça parce qu'une minuscule impulsion éléctrique s'est bloquée ...Ou qu'une télécommande s'est coincée...

Dans la voiture, on suit aveuglément les indications de la voix mécanique:

"Au rond point :tournez à gauche.

Ok. c'est fait..Ensuite?..

"Au rond point :tournez à gauche.

Heu..Elle l'a pas déjà dit ça?

Mais on persiste. Et on tourne en rond un moment. Attendant l'indication miracle pour nous rendre chez l'oncle Paul...

"Au rond point..."

Bon.

Stopper  le GPS

On s'arrête. On baisse la vitre et on hèle un quidam.

Et on la fait à la bonne vieille méthode archaïque...On parle aux autres !

 

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21 novembre 2013 4 21 /11 /novembre /2013 17:51

  Nous étions cet été là chez des amis en Bavière.

A côté de Munich.

Jouxtant  la magnifique Forêt Noire, au coeur d' un petit village typique:Dietramzell...

Facades aux couleurs éclatantes, énormes maisons décorées de fresques et de fleurs...Y régnait une douceur toute méditérranéenne. Les rues du village tranquille bruissaient des cris et rires des enfants, heureux de jouer dehors , pieds nus, désireux d'oublier les longs mois d'hiver...Dans chaque jardin trônait un barbecue, symbole puissant du temps des vacances..

C'est quand on est à l'étranger qu'on réalise à la fois nos différences et nos similitudes...Il suffit juste parfois d'ouvrir les yeux pour voir l'exotisme qui nous entoure...

En bons touristes invités, nous avons crapahuté dans Munich sur les grandes avenues en suivant nos amis, sac au dos, pieds en feu...Nous nous sommes ébahis devant l'hôtel de ville et son carillon, devant le gigantisme du parc olympique . En bons vacanciers assistés nous  avons goûté à la quiétude dans les nombreux "jardins de la bière"...Attablés sous les arbres centenaires,un bock et une délicieuse choucroute-saucisse  face à nous, regardant les joueurs d'échec géant et  les passants nonchalants, nous avons goûter à la tranquillité bonne enfant alémanique...

Nous avons aussi transpiré dans les sentiers escarpés et sombres. Humé l'air frais des sous bois mystérieux de la Forêt  Noire...Trempé nos pieds meurtris dans des lacs glacés.Nous nous sommes régalé à admirer  des châteaux magnifiques. Hors du monde. Comme au pays de la Belle au Bois Dormant....Au fin fond de la forêt, nous avons découvert des petites auberges isolées, tenues par d'improbables  anciens légionnaires débonnaires...

Nos amis venaient d'acheter un appartement dans un grand chalet ...

Organisation collective. Micro communauté. Parties communes sous la responsabilité de chacun.Tous les lave-linges , séche-linges et  congélateurs en sous -sol...Bonne entente de mise entre tous.Nos amis,propriétaires d'un  rez de chaussée,  avaient ainsi un accès  au coin d'herbe devant leur porte.Cependant , la pelouse autour du bâtiment était accessible à tous...

Ainsi,fraicheur de la Forêt Noire oblige, quand la soirée le permettait nous promenions nous tranquillement dans le village alangui par l'été. Parfois, nous restions sur le petit coin d'herbe devant leur porte ,seulement éclairé d'une petite bougie vacillante, parlant à voix chuchotée pour ne pas déranger les voisins...

Cependant, comme les relations entre copropiétaires étaient  très courtoises, il n'était pas rare que plusieurs personnes viennent nous saluer pour échanger quelques mots dans un français hésitant mais enthousiaste.

J'avais remarqué le manège curieux d'un des voisins:  tous les soirs, il inspectait  les abords du chalet, un seau à la main qu'il remplissait mystérieusement...Fouillant les buissons, il  cherchait  quelque chose à la lampe électrique...

N'y tenant plus , je posais la question:

" Que cherche-t-il ?

-Des limaces...Il déteste ces bestioles et ici, elles prolifèrent ! Alors il les ramasse et les congèle. Pour que leur mort soit plus douce...

-Ho? "

J'eus une grimace  dégoutée en imaginant une possible soupe à la limace...

Et même, je l'avoue ,un haut le coeur.

Beurk!

 

 

 

 

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