J'ai déjà parlé ici de ma Princesse Offensée...Non?
Pirouette , une de mes chattes adorées, fière féline qui jamais ne se départait de sa noble attitude...
Enfin ...
Je la nommais :" La Fiérote" aussi .
Elle détestait ça . Et filait promptement par la fenêtre chercher querelle à quelque congénère pour se passer les nerfs. Son pelage rayé rappelait son lointain cousin le tigre...Elle aimait bien qu'on s'en souvienne et adorait qu'on le lui dise, quand elle essayait de jouer gentiment :
"Arrête Petit Tigre de nous déchiqueter les mains !"
Elle ignorait le mot "flagornerie"...Cependant , il ne fallait pas rire d'elle , ni la surprendre en mauvaise posture sous peine de le payer de sa méprisante fuite . Rarement d'un coup de griffes vengeur.
Pirouette Chasseresse décimait tout sur son passage : rouge-queues noirs , pies, geais, moineaux et même des écureuils, toutes proies étaient bonnes pour elle.
Ma Princesse Sans Humour régnait dans la cour devant la maison sans partage aucun.
J'ai vu des matous aguerris, courbé l'échine devant Sa Majesté Tigrée.
Un jour, un chien errant affolé osa poser ses pattes vagabondes dans notre cour pierreuse...
Il est arrivé fou joyeux. Il est reparti fou piteux . Le museau ensanglanté, le pelage troué de griffes.
Une chatte nouvellement arrivée dans le quartier a voulu passer outre ... J'ai été obligée ce jour là de la délivrer des pattes de mon Petit Monstre.
Jamais nous n'avons revu la téméraire féline.
Cependant,un jour de fin d'été mon acariâtre chatte a dû battre en retraite et baisser la tête pour la première fois.Pour sa plus grande humiliation.
Sur le vieux fil électrique traversant la cour, les hirondelles se tenaient prêtes au grand départ pour le Sud . Petites faucilles pointues vibrantes et joyeuses.
Les parents donnaient les dernières leçons de vol aux petites de l'année.
Patiemment, se lancer dans le vide.
Maitriser les ailes.
Maitriser le vent.
Apprécier l'aide des adultes tout à côté.
Difficile exercice.
Pirouette les guettait.
Tapie sous une voiture, elle attendait patiemment .
Vint ce moment où un vol s'échoua dans la poussière de la cour.
La chatte bondit sur sa proie.
Mais en même temps, une douzaine d'oiseaux furieux piquèrent sur elle.
Refaisant plusieurs passages, la matraquant de coups de becs pointus, aiguisés par la colère.Leurs cris perçants accompagnant chaque coup.
Surprise, dépitée Pirouette lâcha bien vite prise.
Elle courut se mettre à l'abri dans la maison . Le poil défait. La rage au cœur .
Après ce jour , elle regarda toujours les hirondelles de loin ,avec le mépris amer du vaincu ...
Nos railleries hérissaient notre Princesse Sans Humour :
" Tu as trouvé plus fortes que toi! Elles , elles sont les Reines !"