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20 janvier 2018 6 20 /01 /janvier /2018 08:30

L’impact des gouttes sur le métal galvanisé du toit de la niche rassurait Nata. À l’extérieur, dans la nuit fraiche, la pluie tombait drue. La petite fille serrait son doudou contre elle très fort, lui parlant à voix très basse, comme le lui avait appris nounou Assia :

-Ne t’en fais pas doudou. Tout va bien se passer. On va juste attendre papa ici.

Elle ne voulait pas l’inquiéter mais elle tremblait de tout son corps. Elle ne savait pas si c’était de froid ou de peur.

Qu’avait dit papa déjà ?

- Si un jour des méchants viennent ma Natanouche , il faudra absolument te réfugier dans la niche de Kira , dans la cachette que je tu connais . Et surtout serrer très fort doudou contre toi et m’attendre. 

Et la petite fille avait répondu, le plus sérieusement :

-Doudou et moi, on t’attendra mon papa.

Ce jour redouté était donc arrivé.

Des méchants avaient retrouvé leur chalet, pourtant bien caché dans la montagne. Eloigné de tout, comme tous les endroits que papa adorait. Pour Nata, tout allait bien grâce à nounou Assia et à Akim.

Cette nuit, des méchants étaient rentrés sur la propriété. Kira, le berger allemand les avait sentis  et depuis ne cessait d’aboyer. L’alarme s’étant déclenchée, Akim les avait repérés sur les écrans de surveillance.  

 Sans ménagement nounou Assia avait réveillé  la petite fille :

-Debout  Nata ! Ils sont là ! Va dans la cachette comme prévu. Tu y restes jusqu’à l’arrivée de ton père. Quoi qu’il arrive. Compris ?

-Oui.

 À cet instant, la jeune femme affichait un regard dur inconnu de l’enfant  jusqu’alors.   Pour la première fois, sa douce nounou lui parla brutalement :

-Tu me le jures ?

-Oui Assia.

-Tu ne pleureras pas ?

-Non.

Mais elle savait que c’était un mensonge.

Assia ouvrit la trappe dissimulée sous le tapis de sa chambre, saisit la petite fille  et la projeta dans l’étroit boyau creusé sous le chalet.   

On entendait des cris et des détonations à l’extérieur.

Nata  se retrouva dans le noir total. Elle progressa lentement comme elle l’avait appris, son  doudou entre les dents. Elle sortit dans la nuit froide et pluvieuse sur le côté du chalet. Elle était couverte de boue. Elle rampa encore deux mètres  pour atteindre la niche de Kira. Elle  se glissa à l’intérieur et tourna une petite poignée au fond pour ouvrir la cachette.

La chienne  n’aboyait plus. Nata entendit les méchants hurler dans leur langue. Elle entendit Akim et Assia qui leur répondirent d’une façon si agressive qu’elle ne les reconnut pas juste avant de refermer le double fond.

Il y eut des déflagrations, des explosions qui firent vibrer la niche.

Puis, la pluie redoubla, Nata sentit des larmes chaudes couler le long de ses joues.

-Non doudou, je ne pleure  pas, chuchota-t-elle.

Elle se positionna le plus confortablement dans l’étroite cachette en serrant son doudou très fort.

On n’entendait plus ni Akim ni Assia .

Des voix d’hommes au fort accent étranger percèrent la nuit.

-Nata ! Nata ! Petite ! Viens, nous allons te ramener à ton papa.

Nata compta trois voix différentes. Ils marchaient lourdement, dans le chalet, dans l’allée. Soudain, des pas vinrent près de la niche.

-Nata ! Petite ! Ne fais pas l’idiote ! Ton père ne viendra pas ici !

Après de longues minutes de recherches vaines, les hommes changèrent de tactique :

-Nous allons bruler le chalet Nata ! Sors si tu veux revoir ton père !

Nata tremblait de tout son corps contre le bois rugueux de la niche.

«Ne t’en fais pas doudou, papa va venir. Papa va venir. Papa va venir. » n’arrêtait-elle pas de penser.

-Tout va cramer ! Dommage pour ta nounou ! Dommage pour ton chien ! Et puis, le garde du corps, il va cramer aussi ! Tout ça à cause de toi Nata ! Sors de ta cachette !

La petite fille ferma les yeux, le plus fort possible et se boucha les oreilles avec son doudou.  

Il y eut une explosion, puis un énorme crépitement. Des rires aussi.

Nata sentit l’odeur du feu qui dévorait le chalet et les sapins alentour.

Il y eut des cris et puis encore des déflagrations.

« Papa va venir doudou. Papa va venir. »

Brusquement, quelqu’un frappa sur la niche :

-Nata ! Natanoucka ! Ouvre ! C’est moi ! Il n’y a plus de danger !

-Papa ! cria-t-elle en s’extirpant de la petite cachette.

-Ma petite fille !

-Mon papa ! Tu sais, doudou a été très courageux.

Elle se serra dans les bras de son père, ses larmes se mêlant aux gouttes de pluie.

Derrière eux l’incendie faisait rage.

-Et toi aussi ma Natanouche , répondit-il en  rangeant son arme dans son fourreau . Partons vite avant que les secours n’arrivent.

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 janvier 2018 6 06 /01 /janvier /2018 08:36

Léa poussa un soupir d’aise en refermant la porte de son nouvel appartement. Elle était chez elle.

Comme il lui était étrange de se retrouver seule après sept ans de vie commune avec Nils …

Fort heureusement, ils restaient bons amis, c’est pourquoi il l’avait aidée à emménager ici. Pas de cris, pas de heurts entre eux, un jour, ils avaient constaté que leur amour avait disparu. Comme ça.

Il restait des cartons à défaire, mais le petit appartement serait vite meublé et décoré à son gout. Elle allait profiter de ses vacances pour tout installer. Seule, parce que ses amis étaient tous en congé. Mais cela ne la dérangeait pas, au contraire.  Le seul hic, c’était la chaleur caniculaire qui régnait en ce mois d’Août et elle n’avait même pas de ventilateur.

Elle avait trouvé à louer ce logement récent dans un quartier « bobo » de la ville. Un immeuble de cinq étages rutilant de verre et de bois, un délire d’architecte .Il se trouvait à côté de son travail et de toutes les commodités urbaines, commerces, arrêt de bus, tram et métro. Tout près du centre-ville.  Nils avait gardé la voiture, elle, le chat Minouche. Ils avaient fait le partage de leurs affaires sereinement. En personnes raisonnables qu’ils étaient tous deux. Sans doute aussi parce qu’il n’y avait pas d’enfant à la clé.

-Tu vas être bien ici, lui avait-il dit. Au quatrième étage, la vue de la ville est vraiment belle.            

- Oui.

- Les autres locataires semblent sympas ….

-Tu penses à l’hypnotérapeute du premier ? Ou à l’avocate du second ? lui avait-elle répondu, ironique.

Il avait ri comme il le faisait toujours avant.

-Trop tard pour être jalouse Léa ! Par contre, je trouve qu’il y a des odeurs d’égout dans les escaliers. Pas toi ?

-Oui j’ai constaté aussi, admit-elle en faisant la moue. C’est sans doute dû à la canicule, non ?

Puis, Nils était parti, la laissant déballer ses affaires et arranger sa nouvelle vie.

Minouche tournait dans la pièce en miaulant tristement.

-Ho ça va Minouche ! Tu vas t’y faire toi aussi ! Regarde : le balcon  t’attend ! Tu pourras compter les voitures si tu veux !

Elle ouvrit légèrement la baie vitrée, de façon à ce que le chat passe, pour ne pas faire rentrer trop d’air chaud.

Pour se donner du courage, elle alluma la radio, puis commença à ouvrir les cartons.

« Les titres : alerte enlèvement, un enfant de 6 ans a disparu alors qu’il jouait dans un parc. Nouveau scandale financier : des millions d’euros volatilisés. Attention aux températures caniculaires. »

Léa n’écoutait pas vraiment les nouvelles, concentrée  sur ses rangements. En ne se relâchant pas, elle n’en aurait pas pour longtemps et elle pourrait donc s’occuper de la déco avant de reprendre son travail.

Son voisin, ou sa voisine du dessus devait certainement emménager aussi car elle entendait des bruits de meubles déplacés, grincements et coups portés sur les cloisons.

Elle rangea et tria ainsi pendant plusieurs heures, rythmées par les flashs d’infos et des chansons intercalées. Elle sourit en regardant Minouche dormir profondément à l’ombre de la petite table du balcon, assommé de chaleur. Quand elle fut complétement en nage et saturée de rangement, elle prit une douche rapide avant d’aller acheter un ventilateur.

Elle ouvrit sa porte et une odeur âcre  saisit ses narines.

« Les égouts puent de plus en plus. Il faudra que je demande  si quelqu’un s’en occupe à la concierge, pensa-telle »

Dans l’ascenseur cela sentait moins, c’était supportable.

Au rez de chaussée la concierge était là avec deux personnes qui l’assaillaient de questions concernant l’odeur pestilentielle.

-Bonjour. Vous êtes Mademoiselle  Chapuis, lui demanda-t-elle aimable.

-Oui c’est moi. Bonjour Madame Martin.

-Votre installation se passe bien ?

-Oui. Merci. Je suis comme tous ici, répondit Léa, j’aimerais savoir quand cette odeur va disparaitre. Avec la chaleur, c’est insupportable. Heureusement qu’elle se cantonne aux parties communes.

- Chère petite, comme je viens de le dire à Monsieur et Madame Lombard, nous sommes en Août, et la société chargée de l’entretien tourne au minimum d’employés. Il nous faudra attendre un peu. Cela doit venir des évacuations. Avec la sécheresse…

- Heureusement, nous, nous partons en vacances, lança l’homme  visiblement agacé en ouvrant la porte vitrée donnant sur la rue, ce qui fit rentrer une bouffée d’air chaud à l’intérieur.

-Vous avez noté que vous disposez d’un tableau pour mettre des annonces. Cela peut être bien utile, poursuivit la concierge  à l’adresse de la jeune femme.

-Oui, je vois, répondit Léa poliment.

Et elle sortit aussi dans la fournaise estivale, non sans avoir jeté un coup d’œil au dit tableau où informations, invitations et publicités s’entassaient en un  pèle mêle  hétéroclite .Il y avait même des avis de recherche.

Quand elle revint plus tard, encombrée d’un gros paquet, elle transpirait abondamment mais gardait le sourire car son appartement serait bientôt plus respirable grâce à ça.

La concierge  était en pleine discussion avec une autre dame et lorsque Léa rentra dans l’ascenseur surchauffé, elle entendit clairement :

-Rendez-vous compte Madame  Kurta , l’enfant a été enlevé à deux pas d’ici, au parc Richelieu ! C’est terrible. Pauvre enfant ! Pauvres parents !

-Quelle époque Madame Martin ! Quelle époque ! Tout va de travers Madame Martin ! Tout disparait : la bonne éducation, le bon sens … Enlever un enfant ! Ces pervers n’ont plus peur de rien ! Et cette chaleur ! On n’a jamais eu aussi chaud ! Et cette puanteur ! Tout va de travers, je vous le dis Madame Martin. Tout va de travers !

Léa se dépêcha d’ouvrir la porte de son appartement pour échapper à l’odeur fétide  qui stagnait dans le couloir. Minouche l’accueillit avec le miaulement du chat affamé.

-Attend un peu que je mette ce truc en marche, lui dit-elle.

Quelques minutes après, le ventilateur brassait l’air chaud de la pièce.

Le lendemain, Léa se leva nauséeuse. La nuit avait à peine fait baisser le thermomètre. Mais c’était surtout les odeurs d’égout qui envahissaient maintenant  l’appartement qui l’écœuraient.

-Génial Minouche ! On va s’asphyxier ici ! remarqua-t-elle ironique.

Elle reprit malgré tout son rangement, volets mi-clos et fenêtres fermées, au rythme du ventilateur et de la radio.

« Toujours pas de nouvelles du petit Adam, 6 ans, disparu dans un parc. Les recherches s’intensifient. Le gouvernement secoué par le scandale financier. Où sont les millions ? On attend des démissions. Episode caniculaire : prenez vos précautions. »

Dans l’appartement du dessus, on devait encore déplacer des meubles, à en juger par les grincements entendus.

A midi, elle avait quasiment fini son tri et c’était tant mieux car elle allait s’octroyer une après-midi de baignade à la piscine municipale pour se rafraichir et fuir les émanations putrides de l’immeuble.

Seul Minouche supportait tout ça stoïquement, en bon chat des villes, vautré sur le canapé.

Malheureusement, elle n’était pas la seule à avoir eu cette idée ce qui fait qu’elle fut refoulée :

-Nous ne pouvons pas accepter plus de monde pour l’instant. Par souci de sécurité. Revenez plus tard. Désolé.

Elle décida alors de profiter de la climatisation des galeries marchandes de la ville. Les allées bruissaient d’annonces diverses, de chansons obsédantes. Léa lu distraitement les gros titres des journaux :

« Avez-vous vu cet enfant ? Adam 6 ans disparu hier  est recherché activement par la gendarmerie et des associations d’aide à l’enfance. Scandale  financier : va-t-on vers un remaniement ministériel? La canicule responsable de la disparition de milliers de personnes âgées. »

Elle rentra chez elle avec  des décorations pour son appartement. Devant l’entrée de son immeuble elle vit un attroupement de personnes en gilet fluo qui distribuaient un  papier à tous les passants. C’était la photo d’Adam.

-Tenez Mademoiselle, si vous avez le moindre renseignement à fournir à la gendarmerie, n’hésitez pas. Adam a disparu à quelques mètres d’ici seulement.

-Oui bien sûr, répondit-elle.

Elle tenait la photo du petit garçon dans les mains et la regardait intensément. L’avait-elle croisé ?

Avait-elle remarqué un enfant blond aux yeux bleus ?

Non. Elle était trop préoccupée par son emménagement ici.

-La société chargée de l’entretien nous envoie enfin quelqu’un demain Mademoiselle Chapuis, lui lança la concierge.

-C’est une bonne nouvelle ! lui répondit Léa en forçant son sourire.

-Vous aussi vous sentez l’odeur épouvantable chez vous ?

-Malheureusement oui. J’ai hâte d’être à demain.

Et elle s’engouffra dans l’ascenseur. Quand elle en sortit elle eut un haut le cœur dû à l’odeur nauséabonde qui régnait dans le couloir.

Chez elle, elle prit une douche et ensuite commença à arranger joliment les bibelots de décorations dans les pièces. Minouche s’agitait pour avoir sa pâtée.

-Voilà, voilà ! Son Altesse Minouche est servie !

A cet instant, on frappa à la porte :

-Oui ? demanda-t-elle croyant que c’était la concierge.

Mais c’était une jeune fille très pale qui lui répondit, d’un ton  agressif :

-Vous êtes bien Mademoiselle Thomas ?

-Non, répondit Léa en entrouvrant  un peu plus sa porte. Vous êtes au numéro 43.

-Pardon, je croyais être au numéro 53, s’excusa-t-elle.

-C’est l’appartement juste au-dessus du mien.

-J’ai essayé de lui téléphoner, sans réponse…Elle est absente ? En vacances ?

- Je n’ai emménagé qu’ hier mais je pense qu’il y a quelqu’un chez elle.

-Vous l’avez entendue ? s’étonna son interlocutrice.

-Oui.

-Donc, elle est bien chez elle. Merci.

Le visage soudainement durci, la jeune fille  se retourna prestement vers l’ascenseur.

Léa referma sa porte avec soulagement car les odeurs d’égout semblaient amplifiées.

Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’elle se rendit compte de l’absence de Minouche.

Il n’était nulle part dans l’appartement. Elle le retourna entièrement. Regarda dans toutes les cachettes imaginables par un animal de compagnie.  Il n’avait pas pu sauter ou tomber du quatrième étage. Non.

Le chat avait dû se faufiler entre ses jambes  quand elle avait ouvert la porte. Des sueurs froides désagréables coulèrent dans son dos. Un sentiment de panique inexpliqué la saisit.

Elle l’appela dans le couloir :

-Minouche ! Minouche !

Elle ne voyait aucun recoin où il aurait pu se cacher.

Curieusement, l’angoisse  anesthésiait son odorat et elle put ainsi inspecter tout l’étage sans être prise de nausées.

-Que se passe-t-il Mademoiselle ? lui demanda une vieille dame, ouvrant sa porte.

-Je cherche mon chat.

-Votre chat a disparu ?

-Oui. Il est noir avec une tache blanche sous le cou, lui répondit-elle d’une voix atone.

-Dites-le à Madame Martin, la concierge.  La porte  d’entrée étant sécurisée, il ne peut pas sortir dans la rue. Mais il ne doit pas être bien loin.

-Merci, lui répondit Léa, vaguement rassurée.

Elle commençait à avoir du mal à respirer.

- C’est quand même curieux toutes ses disparitions, dit la vieille dame.

-Quoi ?

-Le petit Adam, votre chat et le père de la jeune fille.

-Quelle jeune fille ?

-Elle cherchait le numéro 53, Mademoiselle Thomas …

-Elle s’est trompée de porte et c’est là que Minouche s’est échappé.

-Je l’ai vue et je lui ai parlé. Son père avait rendez-vous avec la locataire du 53 il y a quelques jours et depuis, il ne donne plus signe de vie. C’est elle qui a mis l’avis de recherche en bas.

Léa, le souffle court, allait lui répondre quand un hurlement strident les fit sursauter toutes deux.

-Dites-moi où il est ! Je vais appeler la police !

-Laissez-moi tranquille !

- Je ne partirai pas ! Au secours ! Appeler la police !

Les cris venaient de l’étage du dessus.

D’abord tétanisées les deux femmes reprirent leurs esprits :

-Il faudra effectivement appeler les secours si cela ne s’arrête pas, dit calmement la vieille dame.

Maintenant, on entendait des coups portés sur la porte et dans les murs. Les hurlements redoublaient. Plusieurs locataires sortirent dans le couloir :

-J’ai appelé la police, fit l’un d’eux.

-Arrêtez-vous ! Vous êtes folle  ou quoi ?

 D’autres personnes à l’étage du dessus  tentaient de raisonner la jeune fille…Mais apparemment sans succès.

-Appelez la police !

-C’est fait Mademoiselle, calmez-vous.

- Je me calmerai quand elle sera là.

Durant ces altercations, Léa suffoquait, ne pensant qu’à son chat.  Elle ouvrit la porte pour descendre par l’escalier quand elle reçut  brutalement Minouche dans les bras. L’air pénétra dans ses poumons d’un seul coup, alors qu’elle étreignait le petit félin. 

-Je viens de le retrouver Madame, dit-elle en retournant vivement chez elle.

-Tout s’arrange vous voyez, souligna la vieille dame.  

Léa  poussa un soupir de soulagement en pénétrant  dans son appartement.

La chaleur, l’odeur nauséabonde, les cris : Léa s’en moquait bien, Minouche était là et c’est tout ce qui comptait. Elle se promit de ne plus ouvrir sa porte sans précaution.

Quelques minutes plus tard, elle vit les gyrophares de la police et ceux des pompiers en bas de son immeuble. Elle entendit les vociférations de la jeune fille et de la locataire du 53 mêlés aux paroles fortes des officiers. Plusieurs personnes marchaient lourdement, tiraient des meubles dans l’appartement du haut, elle  était juste en dessous, aux premières loges.

Minouche tremblait dans les bras de sa maitresse.

-Ne t’en fais pas, lui dit-elle. Bientôt, tout sera fini  et on retrouvera notre tranquillité.

D’autres véhicules arrivèrent et stationnèrent longuement sur le parking, ceux du  Samu et de la police judiciaire.

Le vacarme continua, s’amplifia même jusqu’au milieu de la nuit.

Léa sombra malgré tout dans un sommeil moite et agité.

Le lendemain, elle s’éveilla avec un sentiment bizarre. Comme un manque. Grâce à une petite brise, il faisait moins chaud. L’odeur pestilentielle avait  quasiment disparue.

Elle ouvrit ses volets et décida de prendre son petit déjeuner sur son petit balcon ensoleillé, accompagnée par Minouche et par les nouvelles distillées par la radio :

« Les titres : soulagement, le petit Adam retrouvé vivant chez une femme en mal d’enfant. Scandale financier : le premier Ministre démissionne. Découverte macabre dans un immeuble du centre-ville, le corps d’un homme disparu depuis plusieurs jours  a été retrouvé  en état de décomposition avancée dans une malle. Ce serait sa petite amie qu’il voulait quitter qui l’aurait tué. Fin du phénomène caniculaire : retour des températures normales. On va de nouveau  pouvoir respirer.  »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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3 janvier 2018 3 03 /01 /janvier /2018 16:36

Paris 17 heures 20 Février 2150 après Jésus Christ, 50 années après la Grande Catastrophe.

 

Dina rentrait chez elle comme chaque soir en prenant le trottoir tapis-roulant  qui longeait  une large artère  encombrée de bus, trams et autres véhicules automates à cette heure. Il se situait juste en dessous d’un des monorails qui traversaient la ville. Aux transports publics gratuits, ainsi qu’aux vélos  et autres véhicules individuels divers et variés, elle préférait la marche aidée, ainsi elle profitait du spectacle que la ville offrait à cette heure. Elle aimait la végétation luxuriante présente partout.

 La lumière rouge et intense du soleil couchant baignait la mégapole, révélant les nombreux ilots de verdure, sur les façades des immeubles, aux pieds de ceux-ci et à leur sommet. Les grands espaces haussemanniens ressemblaient à une petite jungle. Même les rues trop étroites ou mal exposées comptaient leur végétation adaptée.  Les panneaux photovoltaïques habillaient chaque façade ensoleillée, les récupérateurs d’énergie mécanique décoraient chaque rue, leur donnant une allure métallique.   La température ambiante de 32 degrés convenait parfaitement à la jeune femme  qui avançait d’un bon pas pour rejoindre son logement. Elle aimait sentir l’odeur du foin fraichement coupé qui garnissait les mangeoires des chèvres des exploitations communautaires. Elle connaissait chaque potager, chaque plantation qui jalonnait son trajet jusqu’à son domicile .Elle revenait de son travail civique, qui ce jour avait consisté à défricher son quartier. Elle participait  au bien être de la cité. Comme tous les autres marcheurs à côté d’elle, elle en profitait pour lire les nouvelles via les  nombreux tableaux  numériques. Dina  avait activé sa connexion urbaine et appréciait ce moment de prise de contact avec son environnement, elle se sentait en phase avec sa ville et ses concitoyens. Ce soir-là,  dans la foule, des personnes aux cheveux blancs lui rappelèrent ses grands-parents. Plus particulièrement, le discours militant de son grand-père :

-Tout a changé avec le raz de marée. Nous, les Survivants, avons été obligés de prendre en mains notre destin.

Le 15 Novembre 2100, la fonte des calottes glaciaires à cause du réchauffement climatique s’accéléra  brutalement. Les océans montèrent de 2 mètres en quelques semaines, générant paniques, crises, hécatombes, pandémies et perturbations mondiales.

-Notre monde a disparu si vite !  Tu ne peux pas te rendre compte Dina. Après la stupeur et les pleurs, il nous a fallu, à nous les Survivants, tout réorganiser. La planète n’était plus la même, les hommes non plus, les enjeux différents …Nous devions enfin nous montrer responsables.

Souriant dans le vague, elle se remémorait avec nostalgie les explications enflammées et les plans griffonnés qu’il lui donnait avec une fièvre militante.

-Dina, tu es de la génération suivante. Tu fais partie de ceux qui vont améliorer tout ce que nous avons réussi à mettre en place pour notre planète. Regarde autour de toi : Paris n’était pas comme ça avant la catastrophe !

Enfant, elle soupirait d’ennui devant ses tirades. Mais ce soir,  elle admettait qu’il avait parfaitement raison. Paris, comme chaque métropole dans le monde, avait été totalement repensée après les événements tragiques. Les Survivants avaient  décidé de mettre tout en œuvre pour qu’elle soit une ville-refuge, une ville au service de l’homme. Confrontés à de multiples difficultés, d’ordres sanitaires, alimentaires et énergétiques, ils avaient fait en sorte que la cité réponde du mieux possible aux demandes humaines.

Dina se laissa un peu porter par le trottoir-tapis mu par l’énergie mécanique des marcheurs.

Soudain, tous les écrans devant elle diffusèrent un message d’alerte :

« Attention intrusion! Des meutes de chiens sauvages  signalées dans votre secteur. Adoptez les consignes de sécurité immédiatement. Dispositif anti-intrusion en cours. »

Aussitôt, et sans panique, alors que circulaient encore tous les véhicules automates et les nombreux vélos, le flot humain quitta le trottoir pour se disperser et se mettre à l’abri dans les bâtiments les plus proches où clignotaient des néons  « Refuge ». Le message passait en boucle, appuyé aussi par une voix robotique puissante aidée par des sirènes .Petit à petit, au son des injonctions, toutes les personnes se trouvant dans le quartier abandonnèrent leur moyen de locomotion pour trouver un abri proche.

Depuis la Grande Catastrophe, ce genre d’alerte était récurrent. Le dérèglement climatique persistait et, en dehors des villes réaménagées, la terre n’était que déserts et désolations. Hors des villes, nul salut pour toute vie, animale ou végétale. La chaleur étouffante et le manque cruel d’eau douce réduisait à néant la moindre tentative de survie.  Paris, comme les autres, avait remédié  au  problème  en misant sur la baisse des températures grâce à la végétation omniprésente, sur le sol, les façades des immeubles et sur les toits. La moindre  parcelle disponible était utilisée de façon à nourrir correctement chaque habitant. Dans les jardins publics, sur des bouts de trottoir,  partout où se trouvait de la place, des cultures maraichères et des élevages caprins et de lapins maitrisés étaient monnaie courante. Une végétation luxuriante et diverse  poussait sans contrainte dans ce milieu urbain. Tout  ceci concourrait aussi à abaisser la température. Et  si, par boutade, Alphonse Allais avait dit qu’il « fallait mettre les villes à la campagne », en 2150 c’était devenu  réellement le cas : les villes étaient la campagne … Parce que celle-ci n’existait plus.  Grace à son agriculture citadine, Paris en 2150 nourrissait chacun de ses habitants, l’extérieur hostile étant définitivement aride. Mégapole archi polluée des années 2000, elle était devenue par la force des choses une mégapole oasis où l’eau de la Seine s’appréciait comme un bien précieux. Surtout où chaque citoyen devait économiser chaque ressource et participer au bon fonctionnement des impératifs citadins.

Dina s’engouffra avec plusieurs personnes dans l’entrée d’un immeuble. Elle n’avait pas peur, connaissant la procédure. Régulièrement, des meutes affamées  rentraient dans la capitale et régulièrement, les brigades anti-intrusion les tuaient avant qu’elles ne fassent des victimes. Il suffisait d’attendre à l’abri que tout rentre dans l’ordre. Peu à peu la grande artère se vida de toute activité humaine. Restait juste le clignotement d’alerte.

La porte d’entrée convenablement verrouillée,  toutes les personnes présentes s’installèrent tranquillement en vue de plusieurs heures d’attente. Leur famille était déjà renseignée via les messages d’alerte. Certains recevaient ou envoyaient des messages rassurants via leur montre connectée au réseau urbain.

Ce n’était pas un épisode dramatique, juste un peu pénible. Les Brigades allaient bientôt arriver.

Les meutes de chiens sauvages sévissaient dans les déserts enserrant les villes, ils survivaient aux prix d’efforts énormes pour se nourrir. Leur plat principal étant  les rats, rares animaux pouvant résister aux grandes chaleurs.

Quand ils ne trouvaient plus rien à manger, attirés par des effluves nourricières, les chiens passaient alors les murs d’enceinte des villes en force, ignorant les  défenses électriques. La première vague  sacrifiée était celle des plus vieux spécimens : ils ouvraient la voie pour leurs jeunes. Leur force se trouvait dans leur nombre, une meute comptait près de mille individus. Et ils pouvaient faire des dégâts importants dans la cité. Attirés par les élevages communautaires de petit bétail, les seuls autorisés, contrôlés par les Brigades Sanitaires, ils déferlaient sur eux en empruntant les grandes artères  herbeuses. Bien entendu, ils ne se limitaient pas qu’aux animaux : tout humain à leur portée devenait une proie.  C’était bien là la crainte des autorités. Et aussi qu’ils transmettent une forme de rage très virulente à la métropole. Les Robots détecteurs et les Vigies de la ville de Paris, juchés sur chaque toit dominant l’extérieur étaient là pour veiller sur la population. Les drames anciens avaient servi de leçon.

Mais ce soir, aucun citadin et aucun animal d’élevage n’avait à craindre quoi que ce soit, les uns se trouvaient  à l’abri dans des bâtiments et les autres bien protégés derrière de  hauts  grillages sécurisés.

Dina augmenta le son de sa musique et ferma les yeux en s’asseyant par terre, il fallait juste patienter, sans paniquer. Autour d’elle, alors que la climatisation fonctionnait à plein, les autres personnes organisaient tranquillement leur attente.

Dehors, le quartier soudainement vidé de vie humaine paraissait étrange en cette fin de journée, même  la végétation  semblait  retenir son souffle.

La meute arriva, déferlant sur l’artère principale, envahissant soudain l’espace.  C’était une masse noire, hirsute et brutale qui apportait ici la violence d’hors les murs de la ville. Les aboiements et grognements couvraient presque le son des sirènes. Chaque maigre  individu n’était qu’une fureur affamée, déchainée. Cette masse de poils, de bave et de crocs acérés, agressive et incongrue représentait la part de nature désorganisée et excessive que refusaient les Survivants.

La meute tenta d’atteindre les chèvres derrière leur enclos. De façon désespérer  les chiens se jetaient violemment sur le haut grillage renforcé. En pure perte.  Les sirènes s’intensifièrent, annonçant l’approche des Brigades Anti Intrusion.

Les compagnons d’infortune de Dina s’agitèrent un peu en suivant sur leur écran de montre l’arrivée des forces habilitées à détruire les nuisibles.

Les gyrophares tournaient à plein, les mégaphones hurlaient leurs messages d’alerte. Venant des deux côtés de l’avenue, pour couper toute retraite, des véhicules sécurisés se déployaient prudemment. Les chiens se déchainèrent, sentant venir le piège.  Les Brigades les avaient acculés ici.

De part et d’autre de l’avenue déserte se dressaient déjà de grands et solides filets, défendus par des grappes d’humains casqués, harnachés  et armés. La masse canine hurlante et mouvante se scinda pour attaquer les deux barrages. Ecume aux babines, poils hérissés, les chiens foncèrent sur les hommes qui répliquèrent aussitôt aidés par des robots de défense. Par vague, les chiens succombaient sous les décharges électriques. Ils n’avaient pas d’autre issue que de se battre. Les arbres touffus, les jardinets communautaires bien entretenus et les enclos sécurisés du bétail n’offraient aucune cachette. Bientôt, leurs corps tordus et maigres jonchèrent   une partie de l’avenue. Les militaires, arme au poing, aidés par les robots –urbains et par les drones de sécurité  traquaient  les animaux restant qui tentaient de fuir la nasse les piégeant. Calfeutrés dans leur refuge, les habitants entendaient les aboiements terrifiés et les déflagrations.

Rapidement, il n’y eut plus aucun chien debout et les nettoyeuses purent entrer en action, raclant le sol, soulevant les corps, les jetant dans des bennes. Tout ceci dura le temps que les Brigades furent assurées de partir en ayant accompli leur travail.

Les panneaux lumineux virèrent au vert pour annoncer la fin du confinement.

« Fin d’intrusion. Vous pouvez reprendre vos activités »  Tous les habitants du quartier reçurent le message sur leur montre connectée.

Voyant ses compagnons d’infortune quitter leur abri, Dina sortit de sa semi torpeur et les suivit. Dehors l’avenue avait déjà retrouvé son visage habituel de fin de journée : les véhicules automates roulant silencieusement, les vélos aussi et les piétons pressés sur le trottoir tapis-roulant. Souriante, Dina leur emboita le pas.

 C’était vraiment une belle soirée de 2150, la jeune fille éprouva soudain un immense sentiment de bien-être. Elle était en sécurité ici, dans sa ville oasis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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6 juillet 2017 4 06 /07 /juillet /2017 15:38

Il existe des professions qui ont un aura magnétique sur l'imagination du citoyen lambda . Celle de journaliste en fait partie . Bien sûr , il y a les : acteurs , pompiers et autres grands dirigeants qui nous fascinent aisément . Je mets les métiers au masculin mais vous aurez rectifié vous même en y ajoutant le féminin qui va avec .

Bon , on garde tous ( et toutes , ok d'accord) notre âme d'enfant devant ces activités un peu mystérieuses . Souvenez -vous : vous vouliez être maitre ( ou maitresse) , Père Noël ( ou Fée Clochette) : bref , exercer des boulots idylliques. Hélas , la vie réelle n'a pas du tout le même bon gout que tous les rêves de gosses. Parmi toutes ces professions désirées , fantasmées, sur vendues par les médias , celle de "journaliste"sort du lot ( juste après Président de la république ... ). Qui n'a pas refait les enquêtes de Tintin ? De Clark Kent ? Ou de Loïs Lane ? Tout ça à la sauce romantico-judiciaire bien sur !

Bon , vous comprenez mieux mon enthousiasme quand j'appris qu'un journaliste de radio locale allait venir m'interroger chez moi pour parler de mon prix de poésie. Sa direction m'avait téléphoné la veille et annoncé son arrivée . J'étais impatiente de raconter l'aventure, la joie, le grand honneur qui me fut fait ...

Mais quand il vint : rien ne se passa comme prévu (Comme prévu dans notre imaginaire des métiers idylliques ) Il franchit ma porte et aussitôt déclencha son magnéto ( pas le temps de réfléchir madame) allez hop, hop sans aucune préparation donnez moi un de vos premiers poèmes , oui un de vos 16 ans voyons .

Pas un mot sur l'histoire du poème lauréat, du pourquoi de sa naissance, de mes motivations , inspirations . Par contre parler de mon travail , qui n'a rien à voir , il sut le faire .

Aussitôt arrivé , aussitôt parti. Montre en mains il ne resta que 10 minutes . Je restais là pantoise et dépitée. Je n'avais même pas pu lui donner les noms de mes recueils édités .

Et quand j'entendis le résultat à la radio ....Quelle déception !

Tout ça pour vous dire qu'on se fait des illusions sur certaines professions .

On ne m'y reprendra pas .... J'espère !

 

 

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3 avril 2017 1 03 /04 /avril /2017 11:06

Et les robots sont inhumains ( toujours)

On connait tous l'agacement , pour ne pas dire plus , que provoquent certaines applications robotisées.

Le téléphone en est le meilleur représentant. Au bout de plusieurs minutes d'attente :

"Désolé, tous nos conseillers sont occupés. Rappelez plus tard.Tip Tip Tip "

On appelle ça se faire raccrocher au nez. C'est rageant .

Mais comme les concepteurs de telles applications ont conscience de l'extrême énervement que cela provoque, ils ont décidé de noyer le poisson :

"Appuyez sur 2 pour poursuivre . Revenez  au Menu . Nommez le service demandé . Je n'ai pas compris votre réponse.Recommencez. Je n'ai pas compris votre réponse. En raison d'un très grand nombre d'appels nous ne pouvons pas donner suite à votre appel . Réessayez plus tard. "

Bon , oui , le résultat est le même mais ça vous a pris au moins cinq minutes pour y arriver. Et puis , ça vous a tellement fait transpirer que finalement vous accueillez le "Tip Tip Tip " comme libérateur.

Vous avez remarqué la voix métallique et impersonnelle ? C'est du travaillé tout ça ! Il faut rendre tout ce qui est humain lisse et neutre ! Quel travail !

Les robots sont à l'image que veulent les hommes qui les programment en fait .

Quand, un vendredi soir je passe à la caisse et que ma carte bancaire est " non valide" , alors que mon compte est approvisionné , l'informatique à bon dos. Je n'ai jamais pu savoir quel était le doigt qui avait appuyé sur la touche "supprimer" dans ma banque...Doigt que j'aurais bien mordu de rage devant mon caddi plein de marchandises que j'ai dû abandonné faute de paiement !

Il y a aussi l'homme inhumain ( pour ne pas dire "con")

J'avais réservé une place de parking à l'aéroport de Bordeaux pour des vacances à La Réunion . Habitant à plus de 200 kms du site , j'arrive avec un quart d'heure d'avance. Je m'avance prudemment entre les plots , introduits ma réservation dans l'automate , verdict "carte non valide"! Je m'énerve , recommence:"carte non valide" . Le parking est quasi vide . J'appuie sur un bouton pour avoir une voix humaine qui me répond , agressive :

"Avant l'heure , c'est pas l'heure Madame ! Reculez ! "

J'ai reculé en fulminant contre ces foutus robots d'humains , jurant qu'on ne m'y reprendrait plus à vouloir partir en avion de Bordeaux !

Maintenant , je vais à Nantes où le ticket de parking commence 2 heures avant votre supposée arrivée!

Méfions nous de ne jamais vivre l'inverse : des robots qui seraient plus humains que nous!

Science fiction ? A peine !

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25 juillet 2016 1 25 /07 /juillet /2016 19:45

La bêtise a-t-elle un âge ?

Le vieux con est-il plus con que le jeune con ?

La stupidité est-elle plus acceptable ridée que fraiche et rebondie ?

Un vieux fossile grincheux vaut il un blanc-bec arrogant ?

Vastes questions ! Le duel vieux schnock- jeunot peut se révéler intéressant.

Car parfois la bêtise rapproche les générations.Le fossé des ans se comble aisément par quelque attitude stupide. Elle peut être génétique aussi : on se refile l'esprit bas de plafond de père en fils ou de mère en fille, c'est selon ...

Chaque jour nous pouvons être confrontés à l'un ou l'autre de ces biens désagréables personnages .

Ils sont partout, toujours prêts à dégainer leur imbécilité perfide. La seule antidote possible contre eux est l'indifférence, même si leur crétinerie nous laissent pantois .

Le vieux grognon qui s'impatiente exagérément derrière toi à la caisse alors que tu es bien tranquille en train de ranger tes affaires dans le caddie en parlant gentiment avec la caissière .

-Vous pouvez pas vous dépêcher un peu , non? Ha les femmes faut toujours que vous parliez pour ne rien dire hein ?!

-Vous êtes si pressé que ça de retrouver votre télé?

Mais l'ironie n'a pas de prise sur l'individu estampillé "idiot" car il est trop primaire pour la comprendre .

Bien sûr , chacun à "son " histoire de repartie particulièrement stupide entendue ici ou là ...

L'imbécile , vieux ou jeune , étant un être très répandu dans la race humaine on en trouve tout le temps ...Nul besoin de le chercher! Celui qui filme tout un concert devant toi par exemple . Celle qui téléphone en racontant des détails intimes dans le train bondé... Bon, j'en passe ...

La bêtise crasse est toujours prête à surgir et à fondre sur toi.

Comme ce jour où une jeune femme, forte de sa flamboyante suffisance, me détaillant sans retenue, l’œil dubitatif , s'adressa ainsi à moi :

-Vous allez à Paris ? Et pour voir une expo?

-Oui . Pourquoi ?

-Non, rien . Ça m'étonne c'est tout, répondit-elle superbe de mépris .

-Il n'y a pas d'âge pour faire ça ! répondis-je.

Les idiotes, elles, n'ont pas de limites et passent les bornes sans sourciller , pensai je .

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12 juillet 2016 2 12 /07 /juillet /2016 12:54

J'ai fait à La Réunion des rencontres sympathiques, le climat tropical aidant certainement à lier plus facilement connaissance .

Parmi tous les visages bienveillants , un se démarque particulièrement : celui de Madame Alphonse. Réunionnaise de naissance , c'est une dame presque centenaire d'origine chinoise à qui je fus présentée un jour.

Imaginez une très vieille dame parcheminée, maigre à faire peur mais dont le sourire et le regard gardent encore une pétillante jeunesse .

C'est une ancienne épicière d'un quartier populaire, ayant loué sa boutique , elle occupe les arrières de celle ci et son fils soixantenaire l'étage aménagé.

Un jour donc , on m’amène dire bonjour à la vénérable dame .

Dans une ruelle écrasée de soleil, derrière une boutique foisonnante, on pousse une lourde porte de zinc grillagée et là , à droite on voit les rayons fournis de l'actuel commerce et à gauche une autre lourde porte à franchir.

Une fois ceci fait , on se retrouve dans une sorte de cloaque sombre . Effectivemment, la pièce est aveugle . Le sol fait de terre battue par plusieurs générations de pieds travailleurs .

Des antiques étagères ploient sous l'abondance de produits vintages , anciens, passés de date etc...Vieilles boites attaquées par la rouille ou la décomposition.Tout cela croulant sous une poussière tenace.

Ajoutez une odeur de pisse de chat âcre et vous avez une idée de la caverne de Madame Alphonse .

Passé le moment d'étonnement et une fois que mes yeux se sont habitués à la pénombre , je découvre enfin celle qui tient tout ceci dans ses mains encore solides .

Elle est debout devant une énorme marmite au fumet très appétissant. Aussitôt , elle suspend tout geste et se donne à ses invités improvisés , elle s'installe dans un fauteuil qu'un chat veut bien lui céder.

Faisant attention de ne pas parler trop créole, elle raconte , l'ile , ses souvenirs , son quartier, ses enfants .

-T'es pas épaisse! Mange ma fi ! Me dit elle en me tendant un bol plein de sa soupe chinoise bien roborative et bien chaude en plein après midi !

Le délicat parfum sent si bon qu'il efface un peu l'odeur nauséabonde de l'urine des chats .

-C'est bon !

-Z'avez pas ça en métropole.

Derrière ses lunettes , je vois ses yeux qui pétillent.

Quand l'heure arrive de laisser Madame Alphonse à ses casseroles pleines de nourriture, (dont on ne sait qui en profitera ) les effusions sont sincères.

-Au revoir. Au revoir. A bientôt !

On retrouve la lourde porte de zinc , derrière laquelle le soleil brutal de La Réunion s'en donne à cœur joie.

Et là, brusquement, avant de franchir le seuil pour retomber dans la vie ordinaire, je suis attirée par un coin sombre qui s'agite .

Je découvre ébahie une tortue terrestre, grande comme une table de salon, prisonnière d'une obscure cage .

Le lent animal lève vers moi sa tête préhistorique et ouvre sa gueule d'où aucun son ne sort.

-C'est notre Caroline à nous . Elle veut sa salade. M'indique Madame Alphonse.

A ce moment je suis stupéfaite par la ressemblance criante entre ces deux êtres, vénérables ancêtres vivant recluses.

Dignes représentantes d'un passé révolu.

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2 novembre 2014 7 02 /11 /novembre /2014 20:51

Aujourd'hui , il est de bon ton d'utiliser des termes forts pour attirer l'attention. J'avoue que le verbe "halluciner" parfois ,n'est pas galvaudé... Nul besoin de prendre une quelconque dose de drogue pour être "halluciné" ...

Je m'explique , quand je me suis retrouvée devant le comptoir SAV de la grande surface du coin , ramenant mon écran plat ayant rendu l'âme électronique encore sous garantie et que la docte personne chargée de l'envoyer se faire réparer me dit , les yeux dans les yeux :

- Pas la peine de la renvoyer ...

-Vous lisez comme moi que la date de garantie est loin d'être dépassée ?

-Oui. Mais ça ne sert à rien de la renvoyer. Le mieux serait d'en racheter une autre .Je ne vous la prends pas ...

Il y a de quoi halluciner , non?

Oui. Ou cauchemarder grave , comme on veut.

Me suis retrouvée d'un seul coup d'un seul dans le monde absurde de Kafka...

Fort heureusement pour moi, cet état second et déstabilisant n'a pas duré très longtemps.

Un collègue de la dame un peu plus conciliant l'ayant gentiment envoyée épousseter les rayons de la réserve... ma télé est donc partie sous garantie ! Ouf!

Une autre petite expérience que j'ai vécue avec ma fille cadette est là aussi pour prouver que les délires peuvent nous tomber dessus sans crier gare .

Ce jour là, nous étions parties pour la bibliothèque .

Arrivées à bon port, quand j'ai voulu couper le moteur de la voiture : impossible !

- Ôte la clé! me dit ma fille affolée

- C'est ce que je viens de faire ! lui répondis -je en la brandissant bien haut .

La voiture ronflait , prête à repartir. Elle hoquetait, toussait...Comme ça. Comme

mue par sa propre vie ...

On hallucinait . Réellement !

Nous étions dans le film "I robot" sans le vouloir! A chacun de ses soubresauts , on s'attendait à ce qu'elle file sur la route ou qu'elle explose ...

Le délire s'est poursuivi pour trouver quelqu'un pour couper la vie à ce satané moteur fou ! Deux nanas et une voiture qui veut se faire la malle sans chauffeur : le mécano s'est bien marré.

Quand il est venu nous dépanner il riait encore !

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17 août 2014 7 17 /08 /août /2014 10:40

Une fausse bonne impression : tu vois de quoi je parle ami lecteur ?

Tu sais exactement de quoi je parle amie lectrice ...

C'est quand tu es sur un petit nuage factice et que tu en tombes brutalement .

On est tous passés par là.

Et ça fait mal ! Enfin ...J’exagère, notre égo s'en remet vite généralement.

Juste le temps d'un hérissement de poils.

Rien de bien méchant!

En voici quelques petits exemples.

A une bonne copine :

"Qu'est-ce que tu penses de ma nouvelle coupe?

-Mouais ... C'est toi qui a eu l'idée ? "

Dit ainsi , ça fait un peu moins mal qu'un regard moqueur dans la foule . Et puis , venant d'une copine à la pointe de la mode c'est sans doute vrai ...

En ville:

"T'as vu? J'ai réussi à faire un créneau ici ! Trop forte!

-Oui...Il y a très longtemps que tu n'en avais pas fait, ça se voit ..."

Bon, une voiture à moitié sur le trottoir, c'est une voiture garée, alors ...

A table :

"J'ai trouvé cette nouvelle recette pour utiliser les restes de mon frigo , j'ai fait des blinis de pâtes... Bon , ça ne ressemble pas trop à la photo mais tous les ingrédients y sont ....Et c'est bon ...Non?

-Reste traditionnelle, c'est mieux "

Ok , la prochaine fois pâtes au beurre au menu , ce sera plus simple .

Devant le miroir :

" T'as vu? Tu penses quoi de cette robe ? Pas mal non?

-Miaou !"

Bon , si même le chat se ligue contre mon bon goût ...

Dans la rue avec ma fille:

"T'as vu le succès que j'ai ? Les gens me regarde...Est-ce mon charme naturel ?

-Non. Tu as du persil entre les dents..."

Moralité ,pour perdre ses illusions : faites des gosses!

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 12:39

Aujourd'hui , il est de bon ton d'adorer tout ce qui est "vintage"...

On s'émerveille de tout ce qui faisait notre passé. Comme une envie de retour en arrière ...  Et  il faut suivre le mouvement pour être "politiquement correct".

Mais ...

La nostalgie parfois n'a pas que du bon !

Désolée de ne pas applaudir avec la foule débridée en adoration devant tous les tissus criards année 70. De ne pas aimer tout ce qui est d'hier ..

Pourquoi certaines choses sont  dépassées? C'est qu'elles ont été remplacées par d'autres , plus pratiques.Tout simplement .

Rouille et éclats sont bienvenus sur ces choses là...

Bref .

Nous avions cédé aux sirènes du "Temps Jadis" et nous avions pris place dans un train à vapeur qui longeait des gorges des Cévennes .

Enorme et vénérable locomotive. Impression monstrueuse devant l'imposante machine qui crachottait  de gros  nuages de fumée dans la petite gare en attendant ces passagers...

Soupirs gargantuesques. Hoquets gigantesques . Eructations charbonneuses...

Nous montâmes dans le wagon aménagé pour les touristes : pas de siéges, juste des barres contre les fenêtres et  au  milieu. Tout le monde se tenait debout pour admirer le paysage et apprécier la mécanique bien huilée sortie de son livre d'images . 

Il faisait beau et chaud .

La locomotive toussa, éructa et démarra doucement . Elle prit de l'élan  et inexorablement  quitta la petite gare pour sillonner la vallée encaissée tirant  tous ses wagons de touristes. 

Bientôt le train roula a une vitesse constante . Nous admirions comme tous les magnifiques paysages verdoyants ,doucement bercés par le roulis quand soudain:

"Aie ! cria fortement une femme  dans le wagon ,quelque chose m'a piqué! "

Presque aussitôt, plusieurs personnes dans le wagon eurent ou des grimaces , ou des cris étouffés.

Une nuée d'escarbilles incandescentes  venaient de nous  tomber dessus.

Nulle échappatoire.

Par les fenêtres ouvertes, la fumée brulante rentrait en vagues ininterrompues dans le wagon , maculant les vêtements de suie noire, picotant les peaux nues.

Le voyage dès lors perdit de son charme désuet . Chacun attendait avec impatience le retour dans la petite gare .Quand enfin nous descendîmes sur la terre ferme : quel spectacle! Nous étions tous  aussi  tachetés que des dalmatiens !

Le comble , c'est qu'une escarbille m'était tombée dans l'oeil et qu'il fallut trouver une pharmacie pour me l'ôter .

Borgne et  noire de suie, c'est ainsi que je quittais , sans regret , le petit train à vapeur .

On ne me reprendra plus à rêver de  "La machine à remonter le temps" !

 

 

 

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